Le 23 octobre 2020
Une histoire authentique, celle d’un prisonnier qui murmurait à l’oreille des chevaux, nous montre une autre façade des prisons américaines. Laure de Clermont-Tonnerre réussit à capter et à transmettre la réalité d’un programme de réhabilitation unique en son genre.
- Réalisateur : Laure de Clermont-Tonnerre
- Acteurs : Bruce Dern, Josh Stewart, Matthias Schoenaerts, Connie Britton, Jason Mitchell
- Genre : Drame
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h36MN
- Date télé : 8 avril 2022 23:25
- Chaîne : France 3
- Date de sortie : 19 juin 2019
- Plus d'informations : Site du distributeur
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
Résumé : Incarcéré dans une prison du Nevada, Roman n’a plus de contact avec l’extérieur ni avec sa fille... Pour tenter de le sortir de son mutisme et de sa violence, on lui propose d’intégrer un programme de réhabilitation sociale grâce au dressage de chevaux sauvages. Aux côtés de ces mustangs aussi imprévisibles que lui, Roman va peu à peu réapprendre à se contrôler et surmonter son passé.
Critique : Un jeu de rôle qui nous plonge dans un univers romanesque, mais surtout carcéral. Deux mondes totalement opposés, celui d’un prisonnier et d’un cheval, qui pourtant vont apprendre à se côtoyer. C’est l’histoire d’un père qui va devoir apprendre à contrôler son impulsivité. La belle écriture d’une vie difficile en prison qui fait percevoir toute la complexité - pour ne pas dire les complications - d’une réhabilitation.
- Copyright ADVITAM
Les chevaux semblent être la solution pour remettre Roman le prisonnier sur le droit chemin, une prouesse cinématographique lorsque nous remarquons comment les ceux-ci ont pu être dressés pour coller à l’intrigue. Roman, (joué par Matthias Schoenaerts), convoque son penchant émotionnel, tout en faisant figure d’homme fort, rebelle et solitaire. C’est bien cette solitude qui va le mener à une thérapie de prison, qui le conduira à élever des mustangs, ces chevaux sauvages que l’on trouve dans le désert américain. Une thérapie qui existe en France, mais également aux États-Unis. Le cheval qu’il choisit est celui qui demeure le plus difficile à dresser, une épreuve à laquelle doit se soumettre Roman, afin de pouvoir retrouver un sentiment de complicité, peut-être pour remplacer celle qu’il a perdue avec sa fille lors de son incarcération. Nous apprécions la photographie du film, le décor atypique, le thème de la prison entremêlée à la nature, aux paysages désertiques. Le récit d’une vie qui permet de s’immiscer dans l’univers carcéral. La thérapie que va suivre Roman fait passer l’émotion en premier lieu, et le film y parvient parfaitement. Le spectateur n’en sort pas indemne.
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La relation père-fille est exposée et semble être annonciatrice de la décision de Roman. Le prisonnier veut retrouver une vie normale, il veut pouvoir oublier ce pour quoi il a été emprisonné. Nous restons un peu sur notre faim lors du générique final, mais nous comprenons vite que l’histoire ne peut pas nécessairement avoir une conclusion précisément écrite. Nous demeurons tout de même étonnés de voir un film qui traite de ce type de thérapie peu connue, fondée sur une volonté de ne pas seulement punir un prisonnier, puisqu’il s’agit, en outre, de lui redonner goût à la vie.
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Lina-Estelle 21 juin 2019
Nevada - la critique du film
Excellente thématique, mais malheureusement, c’est le seul point positif de ma critique. Effectivement, le sujet de la réhabilitation sociale grâce au dressage de chevaux sauvages est intéressante. Mais le thème poignant n’est pas corrélé à la grandeur du film. Nevada de la Française Laure De Clermont-Tonnerre est uniquement prometteur dans sa bande-annonce qui n’a rien à voir avec la superficialité du film. Les scènes purement descriptives sont juxtaposées les unes après les autres provoquant un ennui et une insipidité (heureusement qu’il fait seulement 1h36). Les plans sont étudiés, mais on sent le "ah ce contre-jour est parfait". Il n’y a aucune motivation, aucune profondeur, par conséquent, aucune émotion réussit à transpercer l’écran, même quand les personnages fondent en larmes (avec sans surprise des gros plans). On est dans un film qui “s’auto-observe”, qui est descriptif, pire touristique. Pour accentuer l’insignifiance du film, il y a un grand problème dans la gestion de l’humour où toutes les blagues tombent toutes à l’eau.
ceciloule 9 juillet 2019
Nevada - la critique du film
Je suis entièrement d’accord avec cette critique. La réalisatrice parvient à évoquer un sujet compliqué et à nous faire découvrir ce programme de réhabilitation que, pour ma part, je ne connaissais pas. Le film est fait tout en finesse, il se passe de trop de dialogues et les jeux d’ombre et de lumière lui donne une profondeur certaine (plus d’infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/07/09/lombre-et-la-lumiere-nevada-laure-de-clermont-tonerre/)
Julia Tequi 11 juillet 2019
Nevada - la critique du film
Un film poignant et profondément humain !
Ce que je regrette le plus concernant ce film, c’est le manque évident de médiatisation dont il a été victime, parce que bon sang, ce petit bijou en méritait tellement plus et il en vaut tant la peine. Il est dommage de passer à côté, d’avoir si peu de chance de faire cette merveilleuse découverte, ils sont rares ces films qui méritent de sortir du lot et celui-ci en fait immanquablement partie. L’univers carcéral a été maintes fois mis en avant, avec plus ou moins de réalisme, de réussite, mais je crois que c’est le plus intimiste que j’ai eu l’occasion de voir, le plus vrai et incontestablement le plus percutant. C’est une histoire basée sur des faits réels, tournée dans la prison où elle a existé, avec des anciens détenus ayant bénéficié de ce système, ça ne pouvait pas être plus crédible et c’est ça qui fonctionne aussi bien. Oui, tous ceux qui y sont ont tué, non, il ne s’agit pas de les absoudre, de les pardonner ou toute autre idée du même genre, nous sommes là pour les comprendre, pour les aider et ainsi, penser plus sereinement à leur réinsertion. Et finalement, c’est à cet instant que l’on se rend compte que ce ne sont que des humains, qu’ils sont faillibles, ils ont certes commis de terribles erreurs, mais il est toujours possible de devenir meilleur. Je suis littéralement tombée sous le charme de la réalisation de Laure De Clermont-Tonnerre, c’est d’une sensibilité extraordinaire et pourtant, ça ne dénote pas dans cet univers ô combien viril, bien au contraire. Elle a un regard lucide elle ne nous cache pas la dureté de ce monde, la violence qu’il contient, mais elle n’en fait pas trop non plus, c’est justement dosé et tout en nuances. Visuellement, tout est dans le contraste, la froideur et la rigidité de la prison, face à la liberté sauvage de ces chevaux, des sentiments qu’ils vous procurent lorsqu’ils sont à votre contact. C’est tout simplement sublime, ces scènes sont d’une beauté à couper le souffle, les paysages sont absolument magiques, on sent toute leur puissance, c’est un voyage que nous entreprenons et ça restera gravé dans nos mémoires. En ce qui concerne le scénario, il n’est pas forcément compliqué, ni surprenant en soi, mais ce n’est pas le moins du monde le but, ici, il faut simplement laisser place à l’histoire. En cela, vous vivrez une expérience d’une intensité incomparable, il faut s’y plonger à corps perdu, la ressentir jusque dans vos tripes, c’est un témoignage profondément bouleversant. Celui d’une réhabilitation, qui pourrait presque se comparer à une renaissance, c’est accepter ce que l’on a fait, ne plus nier ce dont on a été capable et tenter de se racheter, de vivre avec et de s’améliorer. C’est un long chemin, une rédemption qui se fera à travers une osmose exceptionnelle entre l’homme et l’animal, une relation magnifique, presque mystique, qui ne s’explique, mais qui se vit, que l’on perçoit, vibrante d’émotion. Quant au casting, il est parfait, Matthias Schoenaerts y est d’un charisme bluffant, il est extraordinaire, on ne voit que lui, j’ai beaucoup aimé la pudeur de Gideon Adlon et j’ai une vraie tendresse pour Bruce Dern.
En bref : Un film d’un réalisme saisissant, qui nous montre cet univers avec un regard vrai, mais aussi avec une certaine douceur, malgré sa difficulté, il y a aussi de la beauté et un espoir en l’humanité incroyablement puissant !