Ne lâche pas ma main - Michel Bussi, Didier Cassegrain, Fred Duval - La chronique BD

Critique : Au moment de faire un court résumé de ce Ne lâche pas ma main, on s’aperçoit qu’on a les ingrédients pour découvrir un bon, mais prévisible, polar. En effet, avec un passé obscur, des pistes multiples de crimes, un personnage plutôt taciturne, des flics aussi différents qu’intéressants, les éléments des différents topoï policiers sont là. Pourtant, on a des petites caractéristiques en plus, et qui sont notables : le cadre d’une part, avec une île de la Réunion qui n’est pas si idyllique qu’il n’y paraît, mais plutôt réaliste, terre à terre, insistant sur les failles et les crevasses, au sens propre comme au figuré, de l’île. D’autre part, le déroulé de l’histoire joue sur une chasse à l’homme où le point de vue suit le chassé, en l’occurrence le père de famille accusé, dans un plan qu’il ne maîtrise pas totalement, mais où il fait son mieux, sans que l’on sache s’il penche du côté du bien ou du mal. Cette ambivalence est le plus de l’enquête, car elle imprègne les convictions des policiers lancés à sa recherche et celles du lecteur lorsqu’il subit avec le protagoniste les péripéties de ces quelques jours.

© Dupuis / Duval

Le dessin de Fred Duval propose un cadre ensoleillé, des shorts à fleurs, des palmiers et un volcan pour insérer les personnages de Michel Bussi. Au-delà de cet état paradisiaque, La Réunion livre aussi ses routes bondées et poussiéreuses, ses baraques de taule fragiles, ses maisons de vacances un peu abandonnées, ses enfants jouant dans les rues, pour une immersion qui va au-delà de la carte postale touristique. Si l’on rajoute un soupçon de désir, un bon poids de souvenirs qui se décharge lors de dénouement, sans pour autant changer le style graphique, la noirceur ou l’érotisme viennent seulement teinter les planches sans les tâcher.

© Dupuis / Duval

Un polar signé Bussi qui se trouve, après les Nymphéas Noirs, avoir une excellente adaptation par le duo Cassegrain/Duval qui se plaît à leur donner vie et couleurs pour cette littérature noire.