Le 6 avril 2022


- Scénariste : Séverine Vidal>
- Dessinateur : Vincent Sorel
- Genre : Biographie, Western
- Editeur : Glénat
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 9 mars 2022
Un western sensible qui revisite l’histoire d’une figure féminine de la conquête de l’ouest.
Résumé : Cynthia Ann Parker a 9 ans lorsque les Comanches attaquent en 1836 le ranch texan où elle vit avec sa famille. Ses parents sont assassinés lors de ce raid, et elle est elle-même capturée par ses assaillants. La jeune fille s’adapte finalement à sa nouvelle vie. Elle prend le nom de Naduah et épouse l’un des assaillants, Peta Nocona, qui devient bientôt un important chef comanche. De cette union naissent trois enfants élevés selon les coutumes indiennes. Mais 24 ans après sa capture, le camp comanche où elle réside avec son mari est attaqué par Américains. Ces derniers la ramènent contre son gré dans son foyer d’origine…
- Séverine Vidal, Vincent Sorel – Éd. Glénat
Critique. Dans l’interview avec les auteurs reproduite à la fin de l’album, le directeur de la collection « Karma » Aurélien Ducoudray parle de « slow western » pour qualifier Naduah, scénarisé par Séverine Vidal et porté par le dessin de Vincent Sorel. L’expression s’avère assez juste pour qualifier ce récit qui s’inscrit à rebours des codes traditionnels du western. Naduah s’écarte de toute expression viriliste et des lieux communs pour se focaliser sur le destin tragique et les émotions de son héroïne, Cynthia Ann Parker / Naduah. Les auteurs font le choix judicieux d’intégrer dans le récit une narratrice enfant, Anabel, une jeune fille qui possède d’étonnants talents de guérisseuse et qui rentre immédiatement en sympathie avec l’héroïne. Anabel devient le porte-voix de Naduah et nous fait entrer en empathie avec cette femme arrachée deux fois aux siens par la violence des hommes. Mais si elle est importante dans la compréhension de l’histoire, la violence n’occupe finalement qu’une place marginale dans les planches de Vincent Sorel, qui s’attarde bien plutôt sur les paysages, les relations entre les personnages et les sentiments qu’ils éprouvent. Le dessinateur opte pour un dessin au trait incisif qui repose sur la simplification des visages et sur les effets de l’aquarelle. L’album gratifie le lecteur de quelques belles planches en pleine page qui introduisent des respirations dans le récit.
- Séverine Vidal, Vincent Sorel – Éd. Glénat
Si l’histoire nous fait bien sûr penser à La prisonnière du désert de John Ford, le propos de Naduah l’inscrit davantage dans une nouvelle génération d’œuvres qui revisitent les codes du récit de genre. Récit d’une grande sensibilité, Naduah s’écarte du mythe de la femme blanche capturée par les « sauvages » indiens pour poser une question bien plus pertinente : pourquoi personne, en dehors d’Anabel dans le récit, ne s’est-il soucié de ce que pensait Cynthia Ann Parker / Naduah les deux fois où elle a été capturé ? Une belle réussite que nous recommandons chaudement.
128 pages – 22 €