Mylène Farmer : Timeless 2013 un CD live qui ne s’imposait pas !

Pour profiter du lard des fêtes de Noël, Mylène Farmer propose déjà son live en CD... Est-ce bien raisonnable ?

Cadeau de saison pour les fans ou pur produit opportuniste ? En tout cas, à peine un trimestre après le lancement de sa tournée futuriste Timeless (septembre 2013), Farmer en propose déjà la version CD. Si pour le DVD, qui implique un travail sur l’image et un montage poussés, il faudra attendre le premier trimestre 2014, la bande-son, elle, signe son indépendance au moment où le marché du disque est au beau fixe. Pourtant, quelle est la légitimité aujourd’hui de pareille entreprise ? Cette compilation live ne pouvait-elle pas attendre la sortie de la galette vidéo qu’elle aurait pu accompagner en supplément ? Proposer le son du CD ou d’un MP3 alors que la haute-définition s’imposait ? Une régression. Heureusement que l’album est disponible en téléchargement sur Qobuz en fichier Studio HD Master Audio, me direz-vous, mais tout de même...
Cette volonté d’offrir à la fois beaucoup à ses fans dans la quantité (rééditions diverses, compilations...), serait presque louable, s’il ne s’agissait pas à chaque fois d’un grand vide caractérisé destiné à nourrir des ventes faciles inutiles pour les non-collectionneurs. Les albums studio de Farmer, les vrais, se suivent avec plus ou moins de bonheur, mais toujours avec quelques titres forts qui marquent les esprits de ses fans. En revanche, les "live" de la chanteuse, en mode variété ratée, frôlent le niveau zéro quand il s’agit d’être découverts sans l’image : packaging pompier toujours visuellement déplaisant, développements musicaux pas toujours satsifaisants... Timeless 2013 n’échappe pas à la litanie des sons live à peine audibles de l’artiste. Le rendu sur scène d’un Comme j’ai mal heurte les oreilles, C’est une belle journée donne effectivement des envies de suicide. Le final est consternant dans sa volonté d’émotion préfabriquée.
Réduit à 18 titres en CD contre 21 sur scène, Timeless n’est point l’illustration scénique de l’album Monkey me qui sortait en décembre 2013. Si la chanson titre est interprétée aux côtés d’A l’ombre, à l’identique des versions albums, la chanteuse revisite surtout son répertoire de titres, sans créer la surprise, allant jusqu’à endormir l’assemblée sur le final Rêver, titre autrefois beau qui constipe aujourd’hui les tympans.
On se demande ce que vient faire l’ennuyeux Inséparable sur la playlist, il minait l’album Bleu noir, qui lui est heureusement bien représenté avec le titre éponyme et surtout la magnifique chanson d’Archive, Diabolique mon ange qui bénéficie pour le coup d’un authentique développement musical comme on les aime sur scène, avec un paroxysme d’émotion insoupçonné.
Parmi les bonnes surprises, l’insipide Oui, mais non... et Je t’aime mélancolie bénéficient d’alternatives musicales plus en correspondance avec la scène. La première devient moins ringarde (et pourtant, rien que ce titre...), la seconde donne une sensualité et une pertinence à un titre qui avait très mal vieilli.
Beaucoup de tubes (Désenchantée, Sans contrefaçon ), mais pas trop ! Il faut aussi convoquer les invités : Gary Jules l’accompagne sur sa reprise du tube Mad World des Tears for Fears enregistré pour le film d’épouvante Donnie Darko. La chanson est belle, mais elle n’a pas vraiment la place dans cette compilation terne qui tourne en rond, à l’image de sa pochette circulaire qui évoque davantage un trou noir artistique qu’une structure impressionnante de scène de concert.
Timeless 2013 est donc un live sans surprise, jusque dans les prestations vocales d’une chanteuse qui apporte le minimum syndical à son assemblée de fans acquis aveuglément à sa cause.

Mylène Farmer, Timeless 2013, © Polydor