Les paradoxes de l’éternel féminin et de l’art éphémère
Le 30 avril 2019
L’exposition Moving Women fait se rencontrer huit artistes qui expriment leurs visions de la féminité dans un kaléidoscope de stéréotypes de genres revisités, distanciés, embrassés sous l’œil affuté de Barbara Polla.


- Plus d'informations : Galerie Magda Danysz : Moving Woman

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Notre avis : De nouveau, la galerie Danysz nous invite à réfléchir sur des objets de recherche et d’étude auxquels l’art contemporain se confronte dans une perspective critique et politique. Ce n’est donc pas un hasard si Barbara Polla est la bienvenue dans la galerie de son amie Magda Danysz, pour y mettre en présence les formes artistiques et les thèmes chers à toutes les deux. Autour d’elles, quatre hommes et quatre femmes - Laurent Fiévet, Shaun Gladwell, Dana Hoey, Clare Langan, Erwin Olaf, Yapco Ramos, Mario Rizzi et Lee Yanor – sont associés, tout en étant parfaitement indépendants. C’est donc aux visiteurs de la galerie d’interpréter ce rassemblement, de dégager les lignes transverses et les frontières qui rapprochent et séparent les contributions les unes des autres. Barbara Polla interroge les rapports du genre féminin, avec une représentation artistique et culturelle qui emprunte à l’histoire comme aux arts "actuels".
Il s’agit de donner de la visibilité à ces femmes, telles une minorité, dont le rapport à l’image instituée, officielle, médiatique, construite serait tout sauf neutre, indifférent ou arbitraire. Les artistes en présence ont tous à leur manière l’audace de s’interroger sur l’esthétique du corps féminin plastique et plastifié, qui en fait un « obscur objet de désir », mais certains vont s’employer à en souligner la charnalité animale et abêtie par un regard masculin qui, mesquinement, assimile l’âme des femmes à des cervelles d’oiseaux. Il s’agit de renverser les stéréotypes, en donnant à voir des femmes qui doivent redoubler de performances pour conjurer le sort auquel les conservatismes et les stéréotypes les plus ancrés assignent leurs corps. Ce croisement de regards artistiques est à l’origine d’une représentation renouvelée de cet éternel féminin qui n’est ni si éternel, ni si féminin que ça. Les permanences des représentations sont contrebalancées par la fugacité de gestes féminins mis en image, ralentis, répétés, sur lesquels l’accent est mis. Que l’on soit homme ou femme, en tant que visiteur, on s’oublie, on s’identifie. Pour qui prend le temps de s’installer dans une contemplation attentive et concentrée, on surprend son esprit en train de s’identifier à ces femmes aux multiples visages, aux diverses postures, qui, dans le propos global de l’exposition, esquissent un autoportrait complexe et subtil, celui de l’humanité, sous des traits féminins.
Du 13 avril au 16 mai à la Galerie Danysz de Paris
78 rue Amelot
T. + 33 (0) 1 45 83 38 51
Ouvert du mardi au samedi, 11h - 19h