Le 31 août 2016
- Réalisateur : Damien Chazelle
- Acteurs : Ryan Gosling, Emma Stone
- Festival : Festival de Venise 2016
Pour son baptême en compétition de la Mostra de Venise, Damien Chazelle a présenté La La Land, comédie musicale au carrefour de l’âge d’or d’Hollywood – de Hawks à Minnelli en passant par Stanley Donen - et du postmodernisme.
À 31 ans et avec tout juste deux films au compteur, Damien Chazelle a ouvert la 73e compétition du festival de la sérénissime, le long de la lungomare Marconi. À quelques minutes du top départ, les travaux battaient toujours leur plein aux abords du palais du cinéma du Lido. Dernier coup de peinture à donner ici, dernier logo à accrocher là... Prévalait le sentiment que le plus vieux festival du monde n’ouvrait ses portes que dans quelques jours encore. Mais qu’importe, les festivaliers un peu échauffés par cette cacophonie entrèrent avec empressement dans la Sala Darsena, après un protocole de sécurité bien basique comparé au drastique dernier Festival de Cannes. Face à la sérénissime, dans toute sa splendeur au petit matin, le cinéma de Damien Chazelle pouvait-il ou non séduire notre regard déjà sérieusement vampirisé par la cité des Doges, s’y dissoudre même ? Quelques minutes de retard sur l’horaire indiqué plus tard, la projection commençait.
Bien qu’Alberto Barbera, le président de la manifestation, ait initialement présenté La La Land comme une version revisitée des plus grands films musicaux de la période charnière d’Hollywood, ce serait se montrer injuste que de le réduire à cette seule définition. Sans renier ses illustres prédécesseurs, Chazelle témoigne en effet dans La La Land d’une identité qui lui est propre et d’une volonté d’en découdre avec les codes contemporains. Là où Whiplash jouait de son montage syncopé tout en contretemps jazzy pour illustrer une colère sourde et sans cesse retenue, La La Land multiplie les explosions feutrées, les émotions pleines mais endiguées tout volupté. Ainsi, cette logique de l’oxymoron demeure la marque de fabrique du jeune cinéaste américain, à cela près que la furie réprimée laisse place à un amour sans borne transcendé par l’élégance du mouvement. Quelque chose de tantrique habite quelque part le cinéma de Damien Chazelle.
La critique de La La Land est à lire ici.
Cette ouverture de la 73e Mostra de Venise se veut plus consensuelle que ne l’était mardi la redécouverte de La Grande Pagaille de Luigi Comencini. À ceci près que le festival en profite pour rendre hommage à Abbas Kiarostami, en projetant notamment 24 Frames et Take me Home, sans compter le documentaire 76 Minutes et 15 Secondes avec Kiarostami, de son compatriote et ami Seifollah Samadian. Mais si l’objectif pour le plus vieux festival de cinéma du monde est cette fois surtout de rendre la pareille en matière de paillettes à ses concurrents historiques (Cannes, Berlin…) et en devenir (Toronto, Rome…), alors le résultat est dans ce cas au rendez-vous. À défaut d’originalité, une énième amourette entre Ryan Gosling et Emma Stone valait ainsi à ce titre son pesant de glamour.
Plus décevant cette fois, l’adaptation de la bande dessinée Polina de Bastien Vivès, Polina, danser sa vie, n’a pas su convaincre. Entre poncifs et maladresses...
La critique de Polina, danser sa vie est à lire ici.
La seconde journée de compétition, jeudi 1er septembre, sera l’un des moments forts de la Mostra 2016. Trois films majeurs y seront en effet présentés : le dernier Wim Wenders 3D, Les Beaux Jours d’Aranjuez, le nouveau Derek Cianfrance, adaptation éponyme du roman Une vie entre deux Océans, mais aussi Premier Contact, de Denis Villeneuve. Un cru certes un peu évident pour une programmation de festival, mais très prometteur.
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