Moscow Belgium - La critique

Un premier film enlevé sous forme de comédie romantique décalée et explosive, à l’image du duo formé par Johnny Camione l’Amoroso, un brin macho, et sa "Mona Lisa" au caractère bien trempé.

L’argument : Abandonnée depuis cinq mois, deux semaines et trois jours par son mari qui l’a quittée pour une femme deux fois plus jeune, Matty (41 ans) vit avec ses trois enfants à Moscou, un quartier populaire de Gand, en Belgique.
Sur le parking d’une grande surface, sa voiture se fait accrocher par le camion de Johnny (29 ans), séparé depuis dix-huit mois de son ex-femme.
Ce banal accident va pourtant bouleverser l’existence de Matty.
Car, malgré les mises en garde de Werner, son mari de nouveau amoureux d’elle, le regard ironique de Véra sa fille aînée, contre toute attente et presque malgré elle, Matty s’éprend de Johnny...

Notre avis : Commençons par dissiper tout malentendu. Ni road-movie échevelé entre la Belgique et la Russie ni speed dating en voyage organisé pour Belges esseulés et beautés slaves en mal de fortune, Moscow Belgium se passe en tout et pour tout à... Moscou, banlieue ouvrière de la ville flamande de Gand.
Que l’on se rassure, ce Moscou-là, illustre inconnu, ne devrait pas le rester longtemps. Ne serait-ce que pour la toute première scène du film sur le parking du supermarché, haut-lieu d’une engueulade oh ! combien épique à coups de "Madame a ses ragnagnas ?" et de "Gros camion, petite bougie !", lors de la rencontre accidentelle, dans tous les sens du terme, entre Johnny et Matty, deux forts caractères (pour ne pas dire grandes gueules) formant un couple tout sauf conventionnel, et objet de la question suivante : marchera, marchera pas ?
Toutefois, sous ses allures de vaudeville encore accentuées par la différence d’âge entre les deux protagonistes principaux, le film, également prétexte à aborder un certain nombre de sujets de société, de la mixité sociale (dilemme de Matty, prise en sandwich entre un ex-mari professeur de dessin et un amant camionneur) aux familles recomposées, en passant par l’alcoolisme latent de Johnny et le coming-out de Véra, la fille de Matty, entrecroise les genres, quitte à recourir à l’humour noir à l’occasion des visites hebdomadaires à la poste de Matty d’un organisateur de pompes funèbres (¨Cette lettre, c’est l’avenir que vous avez.¨, à propos d’un faire-part de décès.).
Servi par un casting parfaitement homogène, Moscow, Belgium marque les premiers pas au cinéma de l’acteur de théâtre Jurgen Delnaet, aux côtés de Barbara Sarafian (8 Femmes ½ de Peter Greenaway), dans ce qui se trouve être également le premier film du réalisateur Christophe Van Rompaey. Il a par ailleurs été présenté à la Semaine Internationale de la Critique du 61ème Festival de Cannes, et a concouru pour la Caméra d’Or. Essai transformé !

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