Le 20 février 2020
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C’est un mythe du journalisme qui vient de disparaître. Jean Daniel s’est éteint à l’âge de 99 ans.
News : Il y a quelques jours, il rendait hommage à Claire Bretécher qui, comme lui, participa aux grandes heures du Nouvel Observateur, familièrement rebaptisé "Nouvel Obs’". Jean Daniel s’est éteint à l’âge de 99 ans, après une longue et prolifique carrière de journaliste, qui recouvre plus de soixante ans d’histoire de ce pays, dont il aura documenté les grands soubresauts politiques, ainsi que les engagements idéologiques propres à une certaine gauche, celle qu’on appela "sociale-démocrate".
Ainsi, l’évolution politique du jeune homme né en Algérie l’a fait passer de l’adhésion sans réserves au socialisme incarné par l’Union soviétique jusqu’à la désillusion que provoqua la lecture du Retour d’URSS d’André Gide. Engagé aux côtés des gaullistes durant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la division Leclerc et participe à la campagne de France, à la fin du conflit. Son activité journalistique s’effectue d’abord en parallèle de son activité d’attaché au cabinet de Félix Gouin, qui fut le bref président du Gouvernement Provisoire de la République Francaise, en 1946. Mais les coulisses du pouvoir ne susciteront pas les ambitions de cet observateur lucide, qui aiguise sa plume journalistique dans le journal Combat, alors dirigé par Pia et Camus. Il nouera avec ce dernier une amitié solide, le suivra dans ses combats politiques, et ne manquera jamais d’en rappeler la mémoire au détour d’une réflexion ou d’une anecdote. Camus parrainera le premier journal que Jean Daniel lancera en février 1947 avec Daniel Bernstein : Caliban. Le futur fondateur du Nouvel Obs renonce alors aux études de philosophie qu’il avait entamées. La fin de Caliban marque une période plus instable, où Daniel trouve une place d’enseignant aux cours Descartes, tandis que la publication d’un premier roman bénéficie du soutien de Camus chez Gallimard. Parallèlement, il commence une collaboration avec L’Express, avant de couvrir la guerre d’Algérie, en tant que reporter. Il y sera grièvement blessé, ce qui aura pour conséquence d’infléchir sa position : initialement favorable à des négociations avec le FLN, il ne signe pas le célèbre Manifeste des 121. Sa notoriété grandissante lui vaut de rencontrer Kennedy. A la même période, il entre en conflit avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, le fondateur de L’Express, qu’il quitte pour reprendre le journal France-Observateur, bientôt rebaptisé "Le Nouvel Observateur", le 19 novembre 1964. Ouvert à toutes les gauches, le magazine est de tous les combats qui marquent les luttes du féminisme de la deuxième génération et publie le Manifeste des 343 pour le droit à l’IVG (1971). Quelques années plus tard, la loi Veil sera adoptée. A la même époque, l’hebdomadaire bénéficie de collaborations prestigieuses, comme celles de Michel Foucault ou de Roland Barthes, qui rédige, sur le principe des Mythologies, une chronique en 1978-1979. Jean Daniel assurera la direction du journal jusqu’en 2008. Sa proximité avec les socialistes au pouvoir à partir de 1981 lui sera reprochée par les tenants d’une gauche antilibérale, qui pourfendit le tournant de la rigueur, en 1983. Jusqu’à la fin, Jean Daniel aura continué d’écrire des chroniques dans "son" journal, demeurant un observateur attentif du monde contemporain, militant activement pour la paix au Proche-Orient.
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