Moonwalkers - la critique du film

L’énorme potentiel de ce premier long-métrage est freiné par un scénario pas assez travaillé. Dommage.

L’argument : Juillet 1969, Tom Kidman, l’un des meilleurs agents de la CIA de retour du Vietnam, est envoyé à Londres pour rencontrer Stanley Kubrick et le convaincre de filmer un faux alunissage au cas où la mission Apollo 11 échouerait. Kidman ne trouve pas Kubrick, mais il tombe sur Jonny, le manager raté d’un groupe de rock hippie. Tout les oppose, mais ils n’auront pas d’autre choix que de travailler ensemble, remplacer Kubrick, tromper la CIA, éviter les drogues hallucinogènes et sauver leur vie en montant la plus grosse supercherie de l’histoire.

© Mars Distribution

Notre avis : Reconnu pour ses nombreuses réalisations de spots publicitaires, Antoine Bardou-Jacquet a décidé de se tourner vers le cinéma. Inspiré des nombreuses rumeurs selon lesquelles Stanley Kubrick aurait été impliqué dans la réalisation factice d’alunissages pour le compte de la NASA, au cas où celui de l’Apollo 11 viendrait à échouer, Moonwalkers met en scène Tom Kidman, un agent de la CIA bourru, violent et vulgaire, chargé de convaincre le célèbre réalisateur de collaborer avec l’agence spatiale, en échange d’une grosse somme d’argent. Alléché par la mallette de gros billets verts qui semble lui tendre les bras, Jonny, le mauvais agent d’un mauvais groupe de rock hippie, se fait passer pour le manager de Kubrick, entraînant Kidman dans une suite d’aventures et de rencontres pour le moins... hallucinantes. Une fable aux accents comiques pleine de potentiel, desservie par une écriture bien trop peu étoffée.

© Mars Distribution

Il y a, dans ce premier long-métrage, tous les ingrédients pour faire un excellent film. Mais ce n’est pas le tout d’avoir de bons ingrédients, il faut aussi savoir les cuisiner. Et il faut reconnaître qu’à ce niveau-là, Antoine Bardou-Jacquet s’en sort plutôt bien. L’univers visuel dans lequel il nous plonge est précis, mouvementé et psychédélique. Les personnages sont atypiques, déjantés et très bien interprétés, avec, en première ligne, Ron Perlman, qui casse la baraque avec son personnage d’agent secret roulant des mécaniques, et Rupert Grint, dont le personnage d’artiste tête-à-claque et empoté, marque le grand retour au cinéma.
Autour de ces deux-là, une équipe de babas-cool menée par Renatus, un pseudo-cinéaste qui ne suce pas que de la glace, une petite mafia dirigée par un vieil homme adepte de maquettes, et un gouvernement américain inquiet de ne pas pouvoir planter son drapeau sur la Lune.
Toutefois, la mise en scène et le montage maîtrisés de cet énorme délire ne suffisent pas à faire oublier les grosses lacunes scénaristiques, dont l’œuvre tout entière pâtit.

© Mars Distribution

Quand on est la CIA, on ne donne pas à son meilleur agent (ici, Tom Kidman) une photo dégradée de l’homme qu’il est censé retrouver (ici, Stanley Kubrick). Cette simple maladresse du scénariste ET du réalisateur suffit à décrédibiliser l’intrigue. On sait que c’est une fiction, que c’est imaginaire et extravagant, mais quand même, là, c’est plutôt invraisemblable. Les dialogues sont certes très toniques, mais leur extraordinaire grossièreté peine à se justifier : conn... et enc... toutes les trois répliques, sur presque cent-dix minutes de films, c’est assez lourd.
Ces quelques détails prouvent une nouvelle fois que la réussite d’un film, aussi farfelu soit-il, dépend énormément de la qualité de son scénario. Or, ici, c’est bien le scénario qui fait défaut. Moonwalkers aurait pu être génial, mais la lourdeur s’installe progressivement, au fur et à mesure du récit. Antoine Bardou-Jacquet a beau prouver qu’il en a sous la pédale, son premier long-métrage ne nous dévoile pas tout de ses capacités.