Le 26 mars 2020
- Scénariste : Enki Bilal >
- Dessinateur : Enki Bilal
- Genre : Fantastique
- Editeur : Les Humanoïdes associés
- Date de sortie : 4 juin 2003
Après le réveil du monstre. Un deuxième volet attendu, réussi, même si plus convenu.
Critique : Terre, 2026. Réveillé par la guerre en Yougoslavie, le monstre a explosé dans un souffle qui n’a rien arrangé. Si l’Obscurantis Order, alliance sectaire des religions monothéistes, a été décapité, le docteur Warhole, lui, a toujours sa tête dans un bocal, d’où il dirige ses répliques. De quoi lui permettre de se rapprocher du Site de l’aigle, le présumé berceau galactique de l’humanité. Cinq ans après Le sommeil du monstre, Enki Bilal revient enfin et en force avec ce 32 décembre [1], deuxième volet de la trilogie racontant les aventures de Nike, Amir et Leyla. Trois orphelins de Sarajevo séparés par la vie et (bientôt ?) regroupés par les circonstances. Trois destins qui se mêlent à celui d’un monde ravagé par "l’hyper-libéralisme", terreau fertile à tous les extrémismes.
L’analyse géopolitique à laquelle se livrait Bilal dans le premier tome pouvait prêter à discussion (la guerre dans les Balkans est-elle bien à l’origine du réveil du monstre ?). Pas étonnant dès lors que l’auteur s’en éloigne quelque peu, préférant s’intéresser ici à ce qui a poussé sur les ruines - malheureusement très vraisemblables, elles - de cette évolution : la folie de Warhole, synthèse alarmante de ce que l’argent et la science peuvent faire de pire. Surtout quand s’y ajoutent les rêves démiurgiques d’un artiste du mal... L’intrigue s’en trouve du coup simplifiée. Et son moteur - l’avancée, consciente ou non, de chacun vers le Site de l’aigle - plus convenu au regard de la subtile construction du Sommeil du monstre, où l’histoire progressait à mesure que Nike reculait dans sa mémoire phénoménale, remontant jusqu’au jour de sa naissance. Privé de ce support, Bilal construit son récit de façon plus classique, le découpant en chapitres titrés, ce dont on se serait passé.
Fin des réserves. Places aux éloges. Place à ce scénario solide malgré tout, palpitant, profond aussi. A cette imagination toujours aussi fertile (où veut-il aller avec cette découverte du premier homme, un géant de 30 mètres, mort il y a 72 millions d’années ?), à cette vision de la ville de demain étourdissante. A ce dessin, enfin, toujours aussi reconnaissable, toujours autant percutant. Aussi beau qu’inquiétant. Et relevé, plus que d’habitude semble-t-il, de petites touches blanches, une façon sans doute de glisser un peu d’espoir dans ce futur noir où seuls l’amour et l’amitié donnent encore une raison de vivre. Le 32 décembre dans tout ça ? A suivre, mais il ne promet pas vraiment une bonne et heureuse année 2027.
Rééditée chez Casterman en 2006.
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