Le 21 septembre 2017
Un polar efficace qui clame haut et fort que l’argent ne fait pas le bonheur.
- Réalisateur : Gela Babluani
- Acteurs : Benoît Magimel, Vincent Rottiers, Louis-Do de Lencquesaing, George Babluani, Charlotte Van Bervesselès
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Océan Films
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 27 septembre 2017
- Festival : Festival d’Angoulême 2017
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Résumé : Les temps sont durs pour Danis et Eric, deux amis d’enfance qui peinent à boucler leurs fins de mois en travaillant sur les docks du Havre. Un après-midi, Alex, la sœur d’Eric, assiste inopinément à la remise d’une valise remplie de billets et décide de suivre l’homme ayant récupéré le pactole. Alex convainc Eric et Danis que cette valise d’argent pourrait changer leurs vies. Les trois amis décident d’aller cambrioler la maison. En arrivant, ils découvrent un homme sur le point de se pendre, Mercier, dont ils ne connaissent ni l’identité, ni l’importance. Un jeu du chat et de la souris au scénario implacable va alors se refermer sur eux et transformer leur nuit en enfer.
Notre avis : Tout comme dans son premier film 13 Tzameti sorti en 2005, le réalisateur franco-géorgien Gela Babluani s’intéresse au sort de quelques personnes peu scrupuleuses aveuglées par une attirance sans limite pour l’argent qui les conduit aux portes d’un désastre irréversible. Si 13 Tzameti baignait dans une atmosphère dérangeante de cruauté âpre, ce quatrième long-métrage, d’une violence sociale placée à hauteur d’hommes, où tension et suspense sont rythmés par l’enchaînement de situations imprévisibles, devrait satisfaire les amateurs de thrillers bien ficelés.
- Copyright Océan Films
Sur fond de lutte sociale, un combat sur le fil du rasoir s’engage qui verra se déployer des trésors d’inventivité cupide de la part des protagonistes. Car si l’argent n’a pas d’odeur, il a la faculté de rendre fous, autant les riches que les pauvres. Pendant que Mercier (Louis-Do de Lencquesaing plus vrai que nature), homme politique corrompu et suffisant, prétendant au poste de ministre de l’intérieur, tranquillisé par l’impunité que lui assurent sa renommée et son argent, use et abuse de trafics dans sa villa de luxe, à l’autre bout de la ville du Havre, dans un quartier pauvre voué au chômage et au racket, trois jeunes plus paumés que méchants cherchent par tous les moyens à améliorer leur quotidien. Découvrant leur adversaire dans une situation de faiblesse, ils pensent avec la naïveté qui fait leur charme qu’il sera facile de négocier avec lui pour s’octroyer le magot.
- Copyright Océan Films
Doté d’un scénario solide soutenu par une mise en scène sans temps mort et d’une direction d’acteurs parfaitement maîtrisée, le film nous entraînant de rebondissements en situations inextricables met à nu la vraie nature de chacun, pour le grand bonheur du spectateur, bousculé par une caméra en perpétuel mouvement sans cesse à la poursuite de la trajectoire des personnages.
Si la violence est omniprésente, la subtilité des rapports entre ces êtres en demi-teinte empêche toute asphyxie d’autant que grâce à des situations abracadabrantesques et des dialogues bien sentis, l’humour affleure régulièrement. La maladresse et la spontanéité dont font preuve ces trois gosses perdus pris au piège de leur ambition démesurée apportent une belle note d’humanité à ce récit qui aurait pu facilement basculer dans le cynisme et l’arrogance. Même s’ils n’empruntent pas la voie la plus honnête, leur énergie sincère à lutter pour s’offrir une vie décente nous les rend immédiatement sympathiques. Vincent Rottiers, une fois encore abonné au rôle de petit voyou, nourrit d’une parfaite authenticité ce personnage pathétique et irréfléchi mais néanmoins attachant. D’ailleurs, tout le casting est de grande qualité. Du plus petit au plus grand rôle, tous se démarquent par un charisme évident et leur jeu percutant les rend aisément identifiables. Benoît Magimel, pourtant relégué à un rôle de second plan, assure une prestation brillante et inattendue sous les traits de ce tueur implacable et discret.
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Si Gela Babluani ne s’autorise à porter aucun jugement, tout comme La Fontaine avec La grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf directement inspirée d’une fable d’Esope et Phèdre, il ne manque pas de mettre en garde cette humanité bien peu raisonnable contre l’orgueil et la vanité dont le prix à payer est toujours très nettement supérieur au résultat escompté. En cette période de rentrée scolaire, saisissez donc sans hésitation cette occasion de revisiter de manière ludique et vivifiante les idées de ce sage fabuliste.
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