Le 14 décembre 2020
- Editeur : L’ASSOCIATION
- Date de sortie : 6 novembre 2020
- Plus d'informations : https://www.lassociation.fr/catalog...
Une revue graphique et littéraire d’une grande élégance.
Résumé : Résolument politique, la thématique de cette quinzième livraison de Mon Lapin Quotidien est dédiée à la surveillance moderne, et plus généralement à une certaine défiance envers la société contemporaine et ses déviances pernicieuses s’immisçant dans notre vie la plus quotidienne.
Parmi les premières publications de l’Association, la revue Lapin a toujours eu une place de choix. Pour de nombreuses structures éditoriales ayant émergé dans les années 90, la revue collective figurait comme un moyen privilégié de créer une synergie créative stimulante, de proposer à certains auteurs de faire leurs premières armes ou d’anticiper la création de futures œuvres publiées ultérieurement en album (Fréon avait Frigo puis Frigobox, Amok avait L’œil carnivore puis Le cheval sans tête qui connut deux versions successives ; plus tardif, Ego comme X avait Ego comme X, 6 pieds sous terre avait Jade qui connut aussi plusieurs versions, la 5e couche avait la 5e couche etc…). Si à leurs prémices, ces revues constituaient souvent le cœur de ces nouvelles structures, l’énergie colossale déployée pour leur réalisation eut progressivement raison de ces publications. En revanche, Lapin (au même titre que Jade) tranche par sa longévité et la première formule, qui a traversé des déboires et arrêts successifs, s’est arrêtée en 2011 après le numéro 44. La revue s’est réinventée en 2013, et proposait un nouveau principe éditorial : chaque numéro de Mon Lapin était confié à un rédacteur en chef différent qui investissait la revue à sa convenance, explorant des thématiques ou contraintes personnelles et invitant divers auteurs en fonction des affinités artistiques. Cette formule dura neuf numéros jusqu’en novembre 2014. En février 2017 parait ensuite la première livraison de Mon Lapin quotidien.
L’Association
Malgré son nom, cette nouvelle formule, si elle préserve l’idée de création collective, rompt radicalement avec Lapin et Mon Lapin. Cette rupture se remarque immédiatement par le format. Mon Lapin Quotidien mesure ainsi 41x58cm et contient 12 pages, ce qui l’approche des tabloïds de la presse. La filiation ne s’arrête pas là et le graphiste, Rocco, emprunte les grilles de mise en page caractéristiques des journaux quotidiens. Ces nouvelles dimensions entrainent irrémédiablement une nouvelle approche des œuvres publiées. Ainsi, la bande dessinée n’est plus le vecteur principal de la publication : celle-ci ne s’adapte plus à des cases et planches, et chaque numéro propose une miscellanée de textes littéraires, poétiques ou pamphlétaires (certaines brouillent les frontières et traversent volontiers ces trois catégories), des créations typographiques, des illustrations, des strips, des bandes dessinées, en sommes, toute forme de création visuelle et textuelle. Ainsi, le regard n’est plus conduit par une lecture de page en page mais d’espaces en espaces, de textes en images, suivant un parcourt indéterminé qui stimule une lecture papillonnante.
Les auteurs convoqués sont très nombreux et viennent d’univers variés : aux côtés d’auteurs historiques de la maison comme Killoffer, Vanoli, Parrondo ou Gerner, nous retrouvons, entre autres, des incursions réjouissantes de dessinateurs comme Tom de Pékin, peu habitué à la bande dessinée, de Bertoyas ou encore de Valfret Aspératus ainsi que des écrivains comme Laeticia Bianchi, Charles Pennequin ou Antoine Boute. N’oublions pas le très beau travail de Quentin Faucompré, grand co-organisateur avec Killoffer de cette grand-messe graphique, politique et poétique. Cette multiplication de voix prolixes confère une impression étourdissante de polyphonie artistique qui donne forme à une communauté d’auteurs, quand bien même de nombreux textes et dessins n’ont pas été réalisés spécifiquement pour le numéro. Cette sensation d’une cohérente hétérogénéité est renforcée par l’usage du noir et blanc, sobre et puissant, et par la mise en page particulièrement réussie, osée, moderne, riche et dynamique, qui fait de ce journal un objet aussi stimulant pour l’esprit que pour les yeux dans son ensemble.
L’Association
Mon Lapin Quotidien n’a donc plus de Lapin que la dimension collective et de quotidien le format (il parait à un rythme de quatre numéros par an, périodicité adéquate compte tenu de sa densité). Il apporte son lot de réjouissance, à commencer par cette impression de fulgurances créatives, d’expérimentations tous azimuts et d’effervescence artistique qui fusent dans les grandes pages de cette publication, tout en préservant une élégance graphique et une hauteur intellectuelle remarquables. Le numéro d’hiver de ce journal se distingue par la création de deux trous proches de la tranche, qui permettent de surveiller son voisin tout en faisant semblant de lire le journal, escamotant des parties de textes et d’images (les ronds de papiers découpés sont disponibles pour les abonnés qui pourront reconstituer les pages trouées). Cette facétie finit d’intriguer le lecteur et de signer la liberté de la publication.
12 pages - 6,50 €
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Galerie Photos
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