"Passe ton bac d’abord !"
Le 13 novembre 2018
Un mélodrame délicat sur le thème du terrorisme qui nous interroge sur le manichéisme avec lequel on a trop souvent l’habitude de réduire ce phénomène. Le scénario tumultueux et imparfait en diminue toutefois la portée.
- Réalisateur : Mohamed Ben Attia
- Acteurs : Imen Cherif, Mouna Mejri, Mohamed Dhrif
- Genre : Mélodrame, Drame social
- Nationalité : Français, Belge, Tunisien
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Weldi
- Date de sortie : 14 novembre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, Quinzaine des Réalisateurs 2018
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Résumé : Riadh s’apprête à prendre sa retraite de cariste au port de Tunis. Avec Nazli, il forme un couple uni autour de Sami, leur fils unique qui s’apprête à passer le bac. Les migraines répétées de Sami inquiètent ses parents. Au moment où Riadh pense que son fils va mieux, celui-ci disparaît.
Critique : Tel qu’il débute, Weldi (le titre original est tellement plus joli !) donne la désagréable impression d’être une redite du précèdent film de Mohamed Ben Attia, Hedi, un vent de liberté. Même si celui-ci était très réussi, grâce à la finesse du trait de cette peinture d’un pays en pleine mutation, le fait de retrouver, deux ans plus tard, un schéma familial similaire ressemble, à l’inverse, à une caractérisation de personnages qui manque de souplesse. Peut-être alors vaut-t-il mieux ne pas avoir vu Hedi pour ne pas assimiler la vue de ces parents surprotecteurs à une caricature que nous imposerait Ben Attia. Pourtant, en concentrant sa narration sur ces deux sexagénaires, et en particulier sur Riadh, le père, et en réussissant, via une mise en scène naturaliste qui rappelle une nouvelle fois celle des Dardenne (qui coproduisent le film), et à nous faire partager leurs craintes vis-à-vis de l’avenir de leur fils, le cinéaste parvient à poser les bases d’un tout nouveau drame social, au demeurant assez convenu.
- © Bac Films - tous droits réservés
Que les enjeux qui tourmentent les deux personnages soient des adversités de la vie quotidienne, auxquels les spectateurs de tous les âges mais aussi de tous les pays ont inévitablement été confrontés (des problèmes de santé, le bac à la fin de l’année et les études à venir), rend inévitable la reconnaissance envers eux. Il peut même sembler à certains assez troublant d’avoir beaucoup moins de mal à s’attacher à ces deux Tunisiens sur le point de prendre leur retraite qu’à leur fils, qui apparaît taciturne et maladroit. L’excellent jeu de Mohamed Dhrif y est pour beaucoup. Dès lors que les enjeux changent d’ampleur, et que le fils disparaît, ne laissant derrière lui qu’une note indiquant qu’il a rejoint Daech en Syrie, cette identification envers ce couple, que certains accusent d’avoir « enfanté des monstres », a un double effet. Elle fait en effet plus que nous aider à partager leur peine, et bouscule notre regard sur cet adolescent parti mourir en martyre tel qu’ont pu le façonner des années de médiatisation ultra manichéenne.
- © Bac Films - tous droits réservés
Le deuil que l’on partage avec Riadh et Nazli - commençant même par une phase de dénis, ce que le cinéma ne réussit que rarement à nous faire ressentir - ne se poursuit pas de façon aussi prévisible que l’avaient laissé supposer les premières minutes. Là où l’on aurait attendu d’un tel point de bascule qu’il pousse le père à enquêter sur les motivations de son fils, et mène le scénario vers une inéluctable dénonciation socio-politique, Ben Attia préfère jouer avec les attentes de son public... au risque d’emmener son long-métrage sur un chemin qu’il maîtrise moins bien. Ainsi, toute la partie qui se voudrait analogue à un thriller, basé sur la recherche de Sami par son père en Turquie, manque cruellement de dynamique. Et sa résolution apparaît même comme une terrible maladresse. Heureusement, l’amour de cet homme pour son enfant, inébranlable malgré les choix de celui-ci, reste un phare qui mène le film vers le délicat mélodrame qu’il parvient à être jusqu’à sa scène finale qui se révèle véritablement bouleversante.
- Affiche : Benjamin Seznec Troika Distribution : Bac Films
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