Le 1er mars 2021
- Dessinateur : Sergio Toppi
- Genre : Fantastique, Conte
- Editeur : MOSQUITO
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er mars 2017
- Reprise: 1er février 2021
Dans un Japon médiéval, le maléfique shogun Washizu a usurpé le trône et fait régner la terreur. Un humble bûcheron recueille alors un mystérieux nourrisson qui a réchappé des massacres perpétrés par les sbires de Washizu.
Résumé : Ichiro est un bûcheron solitaire, humble mais plein de bonté. Comme tous les habitants de la région, il vit paisiblement sous l’autorité du shogun, le prince Shimura, qui règne avec sagesse. Malheureusement, par une funeste journée, celui-ci est renversé et tué par le prince Washizu, un odieux sorcier qui a invoqué une horde de démons pour conquérir le trône. A la suite de la bataille, Ichiro voit arriver dans sa forêt un guerrier mortellement blessé, qui transportait un nourrisson. Le bûcheron décide alors de recueillir ce dernier et le baptise Momotaro. Au fil des saisons, il grandit et s’épanouit au sein de la forêt. Développant la faculté de parler aux animaux, il s’en fait des amis. Un jour, il croise la route de braconniers qui ont capturé un magnifique renard. Après avoir été discrètement tiré de sa cage, le goupil promet à Momotaro de lui rembourser sa dette. L’occasion se présente quelques temps plus tard lorsque Ichiro convainc son fils adoptif de partir découvrir le monde. Voyant Momotaro rapidement égaré, le renard lui propose de lui servir de guide. Cette nouvelle rencontre est alors le point de départ d’une aventure qui finira par mettre le sorcier Washizu et ses sbires sur le chemin du jeune garçon…
Profitant de la parution de Fables toscanes et autres récits, les éditions Mosquito rééditent le Momotaro de Sergio Toppi, initialement sorti en France en 2017. Le dessinateur italien, décédé en 2012, propose ici sa propre vision de la légende de Momotaro, célèbre héros du folklore japonais.
Sergio Toppi / Mosquito
Dans la version datant de l’ère Edo (1603-1867), Momotaro est un enfant né dans une pêche, recueilli et élevé par une vieille lavandière et son mari. Doué d’une force extraordinaire, il est missionné pour aller combattre des démons. Sur son chemin, il croise des animaux - un chien, un singe et un faisan - avec qui il se lie d’amitié. Après avoir vaincu les démons et leur chef et gagné leur trésor, Momotaro retourna dans son village et vécut heureux.
Même s’il reprend le matériel de base du conte - un jeune garçon orphelin, capable de parler aux animaux, doit défaire des démons -, Toppi offre une adaptation teintée d’originalité et bien écrite. Les changements opérés ne sont pas sans raison. S’ils sont définis comme des “démons”, Washizu et ses sbires n’en restent pas moins des hommes, signe, sans doute, que l’origine du malheur est plus terrestre qu’onirique. La substitution du trio chien-singe-faisan par un seul renard permet également un astucieux ressort scénaristique à la fin de l’histoire.
Au travers des autres éléments qu’il convoque dans son récit, aussi bien réels que fantastiques (shoguns, samouraïs, ogres, objets magiques, divinités…), Sergio Toppi montre qu’il connaît et apprécie la culture japonaise, dont il s’était d’ailleurs déjà inspiré pour Tanka, précédente bande dessinée parue en 2008.
Sergio Toppi / Mosquito
Le scénario est porté par un dessin en noir et blanc particulièrement impressionnant, fait d’une multitude de traits souples et fins. Sergio Toppi mobilise peu les aplats de noir et lorsqu’il le fait c’est pour mieux mettre en valeur les personnages, les corps et les visages. Ceux-ci occupent littéralement tout l’espace des cases, et l’on pourrait audacieusement faire disparaître les décors en arrière-plan que cela n’enlèverait rien au sens de l’histoire et à la beauté visuelle de l’album. Certaines planches pourraient d’ailleurs avoir tout à fait leur place dans un livre d’illustrations.
Aussi, bien que le dessin puisse paraître austère à un jeune public, la figuration fait que Momotaro est accessible à tous. Alors que l’on se situe dans un Japon médiéval, fait de samouraïs et de combats, on pourra apprécier que le dessinateur ait pris soin de ne représenter aucune scène sanglante, et use de métaphore quand cela est nécessaire (la tête coupée d’un guerrier est représentée par un rocher par exemple).
Après lecture, Momotaro se révèle être une excellente bande dessinée, parfaitement maîtrisée et sans prétention. Le récit est simple mais efficace et est doté d’un dessin digne des plus grands illustrateurs. Cela donne envie de découvrir, ou redécouvrir, les nombreuses autres œuvres de Sergio Toppi.
64 pages - 14 €
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