Le 16 août 2016
Dans cet écrin apaisant du Lac Léman, Moka, qui se veut plus psychologique que policier, se déguste avec délectation. Le duo Baye/Devos en est l’un meilleurs ingrédients.
- Réalisateur : Frédéric Mermoud
- Acteurs : Nathalie Baye, Emmanuelle Devos, Samuel Labarthe, Jean-Philippe Écoffey, Olivier Chantreau, Diane Rouxel, David Clavel, Paulin Jaccoud
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Suisse
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h29mn
- Date télé : 31 juillet 2023 13:35
- Chaîne : Arte
- Box-office : 202.172 entrées France / 59.922 entrées P.P.
- Date de sortie : 17 août 2016
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Résumé : Munie de quelques affaires, d’un peu d’argent et d’une arme, Diane Kramer part à Évian. Elle n’a qu’une obsession : retrouver le conducteur de la Mercedes couleur Moka qui a renversé son fils et bouleversé sa vie. Mais le chemin de la vérité est plus sinueux qu’il n’y paraît. Diane devra se confronter à une autre femme, attachante et mystérieuse.
Critique : Pour son deuxième long-métrage après le réussi Complices de 2010, le réalisateur suisse Frédéric Mermoud prend à nouveau un malin plaisir à mêler polar et sentiment. On ne peut manquer d’évoquer le film La Volante de Christophe Ali et Nicolas Bonilauri sorti à l’automne dernier et traitant d’un sujet identique, dans lequel Nathalie Baye tenait cette fois le rôle de la mère meurtrie. Néanmoins, pour Moka, adapté du roman de Tatiana de Rosnay, Mermoud amenuise l’effet thriller au profit d’une haletante confrontation de femmes dont on se demande, jusqu’au bout, où elle va nous mener. Car le face-à-face de ces deux comédiennes opposées mais complémentaires et dont la complicité irradie l’écran assure à lui seul l’efficacité de toutes les scènes.
- © 2016 Pyramide Distribution. Tous droits réservés.
Au lever du jour, face à l’immensité du lac, une femme au visage ravagé se tape le front contre une vitre. Puis, d’un air décidé, elle s’habille, emporte quelques objets et quitte, en catimini, ce qui ressemble bien à une clinique de repos. Au-delà de l’esprit de vengeance qui l’anime, Diane comprend que pour admettre l’inacceptable, il lui faut agir, se réinsérer dans la vie, donner un visage humain à ceux qui l’ont détruite dans l’espoir de pouvoir se réconcilier avec elle-même. Emmanuelle Devos restitue avec une intensité rare les moindres instants de quête obsessionnelle de cette femme à mi-chemin entre folie et désir de revivre. À peine maquillée, vêtue d’une grande parka verte et de baskets, elle a renoncé à sa féminité pour se transformer en chasseuse. C’est pourtant en prétendant voulant « se faire belle » pour un mariage qu’elle abordera Marlène, qu’elle soupçonne d’avoir brisé sa vie. Mais comment s’en prendre à cette femme toujours souriante, sincère et humaine, qui, grâce à la complicité féminine qui s’établit naturellement entre elles, révèle très vite ses fêlures ? Nathalie Baye toute frêle perchée sur des escarpins aux talons vertigineux, à la chevelure peroxydée et aux chemisiers léopard, incarne avec une fascinante justesse Marlène, cette gérante d’une parfumerie de province. À la fois forte et fragile, elle suscite immédiatement l’empathie et, bien malgré elle, force petit à petit Diane, en même temps que le spectateur, à s’interroger sur le bien-fondé de ce soupçon de culpabilité.
De manière à toujours maintenir cette ambiance entre ombre et lumière, aucun détail n’est oublié. L’élégante Mercedes SL 1972, pièce maîtresse de l’intrigue, dont la caméra filme, en plan serré et rapide, le capot démesurément long, suscite une sensation de puissance meurtrière inéluctable. Les vues aériennes des vignobles entourant le lac, habilement mises en lumière, nous enveloppent d’une dramaturgie à la fois douce et brutale. Enfin, les rôles dits secondaires ne sont pas étrangers à l’évolution en demi-teinte de ce polar intimiste. Michel (David Clavel), le compagnon de Marlène, au premier abord doux et aimable mais au regard pénétrant, laisse entrevoir un être bien plus complexe qu’il n’y paraît en opposition à Simon (formidable Samuel Labarthe), tout en retenue et dignité dans le rôle de l’ex-mari de Diane.
L’émotion la plus pure arrive avec les dernières images et l’on repart avec le sentiment d’avoir assisté à un drame rendu humain grâce à la dignité de ses acteurs.
- Affiche film Moka
- © 2016 Pyramide Distribution. Tous droits réservés.
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