Le 23 mai 2017
Une comédie drôle, qui cache derrière le rire un fond cruel.
- Réalisateur : Mario Mattòli
- Acteurs : Sophia Loren, Totò
- Genre : Comédie
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h35mn
- Reprise: 7 juin 2017
- Titre original : Miseria e nobiltà
- Date de sortie : 27 juin 1979
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– Année de production : 1954
Résumé : Deux familles napolitaines partagent un appartement misérable et insalubre, dont le loyer n’a pas été payé depuis plusieurs mois. Ils n’ont rien mangé depuis trois jours. Un jeune marquis amoureux met au point un plan, et pour le mener à bien, il a besoin de leur aide. Cette imposture va leur permettre de faire un gigantesque repas...
Notre avis : Mario Mattoli est surtout connu pour avoir réalisé des films avec Totò, sans doute parmi les meilleurs d’une série qui nous est peu familière. L’occasion donnée de voir ce très plaisant Misère et noblesse n’est donc pas à négliger, cette comédie adaptée d’une pièce de Scarpetta reposant classiquement sur une suite de quiproquos plutôt drôles. Le cinéaste ne cache pas l’origine théâtrale, puisque, un peu à la manière de La Chienne de Renoir, il ouvre et clôt son œuvre par la salle, la scène et le rideau. Mise en abyme donc, mais qui se prolonge en jeux de masques, les pauvres interprétant des nobles avec un excès délicieux de morgue. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu -c’est la loi du genre- mais le film, constamment rythmé et allègre, accumule les scènes inutiles à la narration et qui n’en sont que plus hilarantes : ainsi de la longue description de ce que les familles pourraient s’offrir avec un manteau, illusion qui se prolonge tant que dure le discours. C’est que Misère et noblesse repose tout entier sur la puissance du verbe, celle qui retarde l’intrigue, celle aussi qui rend vrai le faux et par laquelle il suffit de s’affirmer comte pour en être un.
- Copyright Tamasa Distribution
Le talent de Scarpetta, outre un sens du dialogue côtoyant l’absurde, est de prendre au sérieux les quiproquos, c’est à dire d’utiliser les ressorts comiques frontalement : rien ou presque qui ne soit à leur service ; si on évoque la première femme de Totò, elle apparaîtra plus tard ; si le fils est jeté dehors, il se retrouvera lui aussi dans la grande maison de la comédie. Tout est agencé pour densifier la situation, la tendre jusqu’à ce qu’elle soit intenable.
- Copyright Tamasa Distribution
Si l’on s’amuse beaucoup de ces joyeuses confusions, on ne peut s’empêcher de constater la cruauté sur laquelle elles reposent : la faim est partout présente et la scène du repas dans le taudis, à la scénographie parfaite, ou celle de la ruée vers les glaces, sont autant de petites satires sociales dispersées dans un océan de bonne humeur franche. La misère tient aussi aux métiers exercés : dans un monde ou tout un chacun « sait écrire », quel est le rôle d’un écrivain public ? Où est la place de ces miséreux inadaptés, toujours en quête d’un client, toujours fuyant le propriétaire ? Certes, on aurait du mal à voir dans ce film un brûlot gauchiste, d’autant que l’épilogue souriant désamorce la critique. Reste que dans cette comédie humaine où chacun porte un masque, la seule réalité tangible, c’est la faim. Si la noblesse du titre est fausse, la misère est, elle, bien réelle.
- Copyright Tamasa Distribution
Totò, immense vedette en Italie, interprète royalement le gueux qui joue au riche, avec ce qu’il faut d’exagération, de mimiques excessives. Mais les comédiens qui l’entourent, parmi lesquels la jeune Sophia Loren, semblent également rompus à l’exercice et savent entraîner le spectateur dans un crescendo burlesque, une suite de scènes parfois hilarantes qui composent ce film rare, à découvrir dans une belle copie.
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