Le 25 août 2019
Une deuxième saison qui conserve tous les atouts de la première, à commencer par son rythme accrocheur, tout en s’attachant à raconter une phase de temps mort dans l’étude des serial killers.
- Série : Mindhunter
- Acteurs : Holt McCallany, Jonathan Groff, Anna Torv
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Durée : Entre 46mn et 1h13mn
- Date de sortie : 16 août 2019
- Plus d'informations : 10 bonnes raisons de regarder Mindhunter sur BePolar.fr
Résumé : Comment anticiper la folie quand on ignore comment fonctionnent les fous ? Deux agents du FBI imaginent une enquête aux méthodes révolutionnaires et se lancent dans une véritable odyssée pour obtenir des réponses.
- Copyright : Netflix
Notre avis : Voilà plus de dix ans que David Fincher nous fait le même coup. A chaque fois, on se fait avoir de la même manière. Depuis Zodiac, le réalisateur n’a de cesse d’infirmer nos moindres doutes quant à sa capacité à rendre passionnante, voire fascinante, chacune de ses œuvres, s’étalant pourtant sur des durées généralement conséquentes. Les sujets, sur le papier, peuvent ne pas inspirer le dynamisme et la confiance de pouvoir tenir la distance, Fincher semble, dans tous les cas, capable de diluer nos a priori dans la maîtrise quasi insaisissable de sa mise en scène. Avant de commencer la saison 2 de Mindhunter, nous étions légèrement sceptiques, comme si nous n’avions pas appris de nos erreurs avec Zodiac, The Social Network, Millenium ou encore Mindhunter justement, avec sa première saison implacable. Bien sûr, nous nous sommes fait avoir, une nouvelle fois, aussi naïvement que lorsqu’on lance un film de super-héros, en se disant que cette fois-ci ce sera différent, on ressentira vraiment quelque chose. Pour l’un c’est la désillusion, pour l’autre c’est la surprise, quand pourtant un amont de preuves substantielles nous exhortaient à gommer nos doutes, afin de se fier à des indices plus concrets.
- Copyright : Netflix
Dans les faits, cette deuxième saison de Mindhunter ne réserve que bien peu de surprises, tant elle prolonge clairement ce que proposait la saison 1, qui elle-même prolongeait clairement ce que Fincher proposait depuis 2007 avec Zodiac (et surtout avec Zodiac). On peut toujours arguer que le réalisateur américain n’est pas le créateur de la série – Joe Penhall l’est –, mais on ne peut définitivement nier que l’identité visuelle du show vient du travail de celui qui met en scène les trois premiers épisodes de cette saison 2, réalisée par trois personnes différentes au total (dont Andrew Dominik, quand même), pour une cohésion béton. Maintenant que les bases ont été posées par les dix premières sections de la série, Mindhunter s’attache à décrire cette période de creux et de pataugement dans l’évolution de l’étude des serial killers, comme lorsque tu suis un programme de perte de poids et que tu ne te débarrasses que d’un kilo la troisième semaine, alors que tu en avais perdu cinq les deux premières semaines ; t’as le seum, autant que Holden. Cette phase n’est certainement pas la plus glamour à décrire et cette saison 2 apparaît à plusieurs reprises comme une période de transition / hors-série, presque autonome (concernant toute la partie à Atlanta) ; pour autant, Mindhunter garde son dynamisme intact, sait s’adapter pour offrir une couche supérieure dans le développement des personnages.
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Ces neuf épisodes bousculent la partie professionnelle des personnages par l’ajout d’une dimension plus intime, surtout observable dans l’écriture de Bill Tench et Wendy Carr. Même si Mindhunter le fait de manière parfois trop téléphonée, la série montre avec intelligence l’ingérence de la sphère privée sur le travail, que ce soit pendant une enquête ou pendant les entretiens avec les serial killers, notamment avec le très attendu Charles Manson. Comme pour réserver un pied de nez à l’intérêt du spectateur et souligner que la célébrité n’est pas proportionnelle à la nécessité d’étudier la personne, l’entrevue avec ce gourou starifié se fait balayer en cinq minutes par une série qui se moque d’être sensationnaliste ou tapageuse. Mis à part lorsqu’il s’agit de montrer l’impact psychologique des problèmes familiaux de Bill Tench sur ce dernier, Mindhunter conserve une grande finesse dans le traitement pointilleux et tout en retenu de son sujet. On ressent au visionnage cette même satisfaction, déjà éprouvée dans la saison 1, de voir des personnages réellement intelligents, non parce que la série nous dit qu’ils sont intelligents (le fameux "t’es trop con pour comprendre ce que je fais", vu dans bon nombre de films et séries, avec des scientifiques en mousse), mais parce que la série nous fait comprendre qu’ils le sont. Elle ne le dit pas, elle le montre, en laissant au spectateur le soin d’assimiler le mode de pensée et le raisonnement de chaque personnage important, afin qu’il puisse de lui-même saisir la logique, l’intelligence donc, mais également les erreurs des protagonistes.
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Cette saison 2 montre également le revers de la médaille, en ce qui concerne le comportement de Holden, dont les conséquences avaient déjà commencé à se dessiner sur le premier season final.. De ce point de vue, la série s’avère plutôt directe, caractérisant l’agent du FBI comme un chien fou, habité par de bonnes intentions, mais inconscient quant aux conséquences de ses actes. Même si l’impartialité n’est plus de mise dans cette saison, elle garde malgré tout cette volonté d’équilibrer la balance, en offrant le point de vue de chaque individu, avec une justesse qui évite l’agacement vis-à-vis de certains d’entre eux. Toujours fondée sur le dialogue, la série est une immense joute verbale où chacun a ses raisons comme ses torts, qui s’expriment à travers une confrontation de points de vue passionnantes. Si les serial killers interrogés sont moins consistants et galvanisent moins le spectateur que sur la saison précédente, ces épisodes parviennent à demeurer dans la maîtrise méticuleuse du sujet, conscients de ce qu’ils désirent montrer au spectateur – un creux de la vague – et de la manière dont notre intérêt sera stimulé, tout en mettant en exergue des personnages empêtrés, qui stagnent. Mindhunter se rapproche ainsi encore plus de Zodiac, grand film sur l’obsession et la frustration des protagonistes, eux-mêmes miroirs de celles du spectateur, pris dans ce sentiment d’impuissance à ne pas avoir les réponses qu’il voudrait. Ce n’est pas plaisant et c’est là toute l’idée de cette saison 2 : ne pas satisfaire les besoins des personnages ou bien nos propres besoins de spectateur. Pari risqué, mais pari relevé avec brio.
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François Roque 25 août 2019
Mindhunter saison 2 - la critique (sans spoiler)
Effectivement cette deuxième saison confirme et sublime la qualité exceptionnelle de cette série.
Et aussi le côté un poil vicieux des producteurs : BTK n’a été confondu qu’en 2005. En conséquence, on n’a plus qu’à espérer qu’il s’agit bien de la deuxième et non pas seconde saison, et que s’ils ont en tête 2 ou 3 saisons de plus, pas de problème, on achète tout de suite !