Ramène-moi si tu peux !
Le 26 juin 2022
L’Arme fatale, 48 heures, Double détente... Les années 80 sont en quelque sorte le berceau d’un genre aujourd’hui balisé, dont les actuels "faiseurs" ne semblent même plus appliquer les codes avec respect. Petit retour sur Midnight Run : une pépite de ce mouvement devenu un genre cinématographique à part entière.
- Réalisateur : Martin Brest
- Acteurs : Robert De Niro, Dennis Farina, Yaphet Kotto, Charles Grodin, John Ashton, Philip Baker Hall
- Genre : Comédie, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Aventures, Action, Buddy movie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 2h02mn
- Date de sortie : 28 septembre 1988
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Résumé : Jack Walsh, flic intègre, a quitté la police parce qu’il refusait de se laisser acheter par un caïd de la drogue. Il est maintenant chasseur de primes pour le compte d’Eddie Moscone à Los Angeles et doit retrouver le comptable qui a réussi à escroquer Jimmy Serrano, le fameux caïd.
- Copyright Elephant Films
Critique : Après son interprétation diabolique de Louis Cyphre dans Angel Heart et avant d’attaquer les années 90 sous la houlette de maître Scorsese pour quelques chefs-d’œuvre du film de gangsters, De Niro s’est offert une incartade comique sous la direction du trop rare Martin Brest. Habitués à ne voir l’acteur accepter aujourd’hui que des propositions de comédies n’exploitant que rarement son large panel avec finesse, la redécouverte de Midnight Run est un bonheur. Le film, pas vraiment reconnu à sa juste valeur, est une réussite absolue d’un genre qui ne quitte que peu les sentiers du cinéma d’action drôle et aventureux. La fortune du long-métrage tient finalement à cette alternance de respect des genres et de ses incartades d’une scène à l’autre. Les dialogues, écrits par un George Gallo bien plus inspiré que dans les années 2000 (en dépit de ce que l’on peut penser de Bad Boys, on ne comparera pas ses conversations à du Shakespeare) sont un régal autant dans les échanges désopilants que dans les scènes dramatiques d’une justesse touchante. La direction d’acteurs sans faille, combinée aux performances générales de l’équipe, Grodin et De Niro en tête avec une mention spéciale pour le regretté Dennis Farina, donnent lieu à des scènes d’une sincérité incroyable. Celle où Jack Walsh, campé par De Niro, croise pour la première fois les sbires du truand Serrano, dévoile tout le talent de l’acteur pour passer de l’humour à la tension en quelques secondes. Et que dire de cette séquence de retrouvailles entre le père et sa fille ? Un instant de cinéma pur, où Brest et Gallo veillent à une caractérisation sans faille de leurs personnages tandis que leur interprète retranscrit parfaitement l’inéluctabilité de certains silences lourds de sens... sans crainte d’affirmer que la rencontre restera peut-être (probablement ?) sans lendemain.
- Copyright Elephant Films
Le duo composé par les deux "buddy guy" est pour sa part un bonheur communicatif et le talent de l’un ne fait que mettre en valeur le jeu de l’autre.
L’élégance globale réside en fait dans cette rythmique indéfrisable entre premier degré et légèreté. Le "score" inattendu d’un Danny Elfman offrant une création blues pleine de guitares lancinantes, avec sustain prononcé, est à ce titre un régal et probablement l’un des plus beaux travaux de l’auteur.
- Copyright Elephant Films
Mais qui dit buddy movie dit communément "action". Et qu’en est-il dans Midnight Run ? Par un récit aussi classique que fluide, le film peut se targuer d’une gestion rythmique parfaite qui précise la logique susnommée : une oscillation entre mélancolie (Walsh est l’un des personnages les plus solitaires de toute l’histoire du film de potes) et courses effrénées aussi drôles qu’efficaces dans le découpage des scènes cadencées. L’expression "film mené pied au plancher" prend ici tout son sens sans que l’on ait pourtant l’impression d’assister à un film d’action décérébré. Le récit se moque finalement de quelques coups de théâtre, pourtant jubilatoires, pour n’aller qu’à l’essentiel : les relations entre cette galerie de personnages drôles, touchants, détestables, mais toujours humains dans leurs attitudes.
L’opposition entre le chasseur de primes et le comptable en fuite fonctionne tellement bien, qu’elle en devient presque une allégorie du fonctionnement du métrage dans son ensemble... Et ce jusqu’au dernier plan, aussi amusant et poignant que les deux heures qui l’ont précédé. Revoir le film confirme donc plusieurs envies cinéphiliques inespérées : la première étant de retrouver Martin Brest, De Niro et Charles Grodin en aussi grande forme comique qu’en cette année 88.
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