Le 6 juin 2019
Du Rohmer, en plus anatomique. Mextoys est un petit bijou de comédie, tourné avec très peu de moyens et beaucoup d’intelligence.


- Réalisateurs : Zacharie Heyblom-Taliercio - Vladimir Auque
- Acteurs : Régis Lionti, Elise Lissague , Zacharie Heyblom-Taliercio
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Saint-André des Arts
- Date de sortie : 29 mai 2019
- Plus d'informations : Cinéma Le Saint-André des Arts

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Résumé : Agnès la copine de Sylvain décide de faire un break d’une semaine pour y voir mieux dans son couple. Mike vendeur de sextoys à domicile, décide d’emmener Sylvain avec lui durant son travail. Ils rencontrent des clientes franches et libérées. Une histoire mêlant situations cocasses et dramatiques.
Notre avis : Il faut voir Mextoys. Qui est projeté au cinéma Le Saint-André des Arts, à Paris. Dans ce seul lieu, alors que d’autres comédies qui tachent bénéficient d’une visibilité plus grande. Mais on ne ne va pas jouer les grincheux. Le film mérite mieux que la mauvaise humeur, plutôt des éloges sur les personnages qu’il met en scène, les situations qu’il propose où tout s’organise, s’équilibre selon une égalité des paroles et des intentions : plusieurs trentenaires citadins, hommes et femmes, sondent leurs envies, leurs sentiments, dialoguent avec un naturel confondant, en parlant très librement de sexualité, sans que jamais les grossièretés ne procèdent d’une volonté gratuite, mais parce qu’il faut bien que les mots incarnent les désirs dans la matérialité des chairs. C’est souvent cru, ça n’est jamais déplacé. Sur cette ligne de crête se tient l’intelligence d’un long métrage, que servent des acteurs particulièrement inspirés, dont le jeu naturaliste ne bascule jamais dans l’effet.
Mextoys est un mot-valise et souvent la valise s’ouvre, pleine de sextoys. Mike gagne un peu d’argent en faisant commerce de ces objets et sa parole, déliée de toute inhibition, rencontre celle de son ami Sylvain, qui est plus timoré, et l’écoute souvent. Les deux personnages effectuent la tournée des appartements, échangent avec des jeunes femmes bien dans leur peau, même si elles hésitent aussi. Elles vivent souvent leur âge comme un carrefour de leur existence. Pourtant, aucune ne s’en laisse compter, surtout pas Agnès, la copine de Sylvain, toujours proche de Mike. Les rodomontades du mâle dominant, son réflexe d’en rajouter dans l’expertise, ne la forcent pas à hisser son lexique au niveau de son interlocuteur. Elle y est déjà, parce que les mecs n’ont pas le monopole de la description anatomique. Ce dialogue d’égal à égal ne crée pas de conflits si violents qu’on les prendrait pour une révolte masculine venue du fond des âges. Non, ici, on discute, on se cherche, on se trouve parfois. Ou pas. Et lorsqu’à un restaurant, un petit macho isolé fait son numéro vespéral de Don Juan, on le renvoie à la ringardise de sa posture. Maîtrisé de bout en bout, Mextoys nous en dit davantage que bien des comédies sentimentales.