Le 1er juin 2015
Une occasion de voir ou revoir un film singulier, élégant, qui traite finement du passage à l’âge adulte.
- Réalisateur : Whit Stillman
- Acteurs : Carolyn Farina, Edward Clements, Taylor Nichols
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h38mn
- Date de sortie : 10 octobre 1990
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– Sortie DVD : le 18 mai 2015
Une occasion de voir ou revoir un film singulier, élégant, qui traite finement du passage à l’âge adulte.
L’argument : Manhattan, il n’y a pas si longtemps, à Noël... Tom Townsend, un gauchiste des bas quartiers de New-York, s’introduit dans le cercle restreint de « la bande de Sally Fowler » (cinq filles et deux garçons) - des jeunes gens strictly Park Avenue, mais en manque cruel de chevaliers servants pour accompagner les débutantes aux bals du Plaza.
Bourgeois et cultivés, ceux-ci se réunissent lors d’after-parties pour tromper l’ennui, parler politique ou de Jane Austen, deviser sur leurs histoires d’amour ou sur l’inévitable déclin de leur classe.
Ou encore de l’avantage du col de chemise amovible. Bienvenue dans la « Urban Haute Bourgeoisie ».
Le film : Charlie aime Audrey qui aime Tom qui aime Serena : ce pourrait être un résumé du film, qui sacrifierait l’essentiel, mais le placerait sous les auspices de marivaudages classiques, de Woody Allen à Éric Rohmer, avec de généreuses discussions dans lesquelles les personnages peuvent médire, refaire le monde et s’illusionner. On pense à l’exergue de Pauline à la plage : « qui trop parole il se mesfait » (Chrétien de Troyes) : au long de soirées bavardes, ces jeunes gens, riches (sauf Tom), oisifs et cultivés, font l’expérience de leur vie dans des intérieurs chauds mais finalement interchangeables. Stillman les filme au plus près, scrutant chaque réaction, en une scénographie souvent habile et toujours réfléchie. On sent sa tendresse envers ces jeunes qui se cherchent, mais aussi envers ce rêve d’une société close sur elle-même : la nostalgie s’installe après le départ de Nick, et, avec les scènes diurnes, vient le temps de la désillusion et du délitement.
© A3 Distribution
Le film adopte le point de vue de Tom, candide impliqué malgré lui dans un monde auquel il n’appartient pas. Mais il ne se contente pas d’être un guide pour le spectateur ; il va évoluer aussi bien intellectuellement (il lit Austen, se démarque de Fourier) que sentimentalement ( d’un amour adolescent pour Serena il passe à une relation plus adulte et « active »). Au fond c’est ce passage qui intéresse Stillman, et qui lui permet de retrouver le schéma du roman d’initiation : comment se forme un esprit, par la confrontation, parfois brutale, par le regard des autres ; comment on abandonne sa peau d’adolescent, ses amis et leurs codes. À cet égard la séquence dans laquelle un adulte rencontré dans un bar tire une leçon morale du vieillissement et de l’abandon du groupe résonne comme une mise en abyme du film entier.
© A3 Distribution
On pense constamment à Woody Allen, évidemment, dans cette légèreté apparente qui dissimule élégamment une gravité souterraine. Mais d’autres influences, explicites (Jane Austen) ou pas (Hopper), structurent la narration, au moins autant que les noirs, les cartons et les extérieurs qui scandent les soirées. C’est d’ailleurs l’une des réussites de Metropolitan que ce rythme haché, ces séquences cut ; la répétition, pendant les trois quarts du film, serait lassante sans ces choix de mise en scène et, surtout, sans les comédiens qui portent avec talent des rôles parfois difficiles. De même il faut beaucoup d’intelligence pour terminer sans clore complètement, avec un arrêt sur image qui rappelle la fin des 400 coups de Truffaut.
La critique : ICI
Les suppléments :
L’entretien avec le réalisateur (23 minutes) définit le film à travers plusieurs axes, du titre à la réception, du tournage à la part autobiographique.
L’image :
Évidemment, ce n’est pas de la haute définition, mais l’image est propre et sans parasites, ce qui est déjà beaucoup.
Le son :
La seule piste Dolby Digital 2.0 mono manque de présence mais, là encore, au vu de l’âge du film et de ses moyens, les dialogues comme la musique, si importants, sont clairs et nets.
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