Meschugge. Le labyrinthe du fou – Christian Højgaard, Benni Bødker – la chronique BD

Critique : Meschugge s’inspire à la fois de Jack L’Éventreur et des rites liés à la culture juive, cruellement détournés par le meurtrier, pour composer un récit sans génie mais de bonne facture, qui donne à voir la misère d’une population dénuée de tout. Les juifs du ghetto sont en effet à peine considérés comme des êtres humains par le reste de la population, et les bas-fonds forment une véritable contre-société, avec ses propres codes. C’est dans cet espace où se concentre la misère que Nathansen doit explorer. Le dessin réaliste au trait noir, renforcé par des nuances de gris, de Christian Højgaard s’arrête volontiers sur la ville avec ses ruelles escarpées et sa population marquée dans sa chair par la pauvreté. Le dessinateur ne lésine pas sur l’hémoglobine : cadavres autopsiés, corps mutilés, scène dans une boucherie… La violence sociale s’accompagne de la violence physique. Les planches laissent également une grande place au noir, qui envahit certaines scènes.

En se concentrant sur la communauté juive, le scénario dresse un parallèle entre la violence dont est victime la communauté juive et la montée de l’antisémitisme, avec ses terribles conséquences dans l’histoire du XXe siècle. À cet égard, le meurtrier est annonciateur de la catastrophe à venir.

Suivant la tradition du « scandinoir », Meschugge propose une plongée dans l’horreur. Une lecture qui séduira les amateurs du genre.