Quand la souris croque le chat
Le 12 février 2008
Après la bûche de Noël goulûment dévorée par les ogres de chez Dreamworks et Disney, c’est au tour du cinéma français de nous proposer sa production d’animation hivernale. Un travail bien plus artisanal, mais aussi bien plus intéressant sur le plan thématique.
- Réalisateurs : Samuel Guillaume - Frédéric Guillaume
- Acteurs : Denis Podalydès, Lorànt Deutsch, Patrick Bouchitey
- Genre : Animation
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 13 février 2008
- Plus d'informations : Site officiel du film
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– Durée : 1h16mn
Après la bûche de Noël goulûment dévorée par les ogres de chez Dreamworks et Disney, c’est au tour du cinéma français de nous proposer sa production d’animation hivernale. Un travail bien plus artisanal, mais aussi bien plus intéressant sur le plan thématique.
L’argument : Chez Bzz & Co, usine de tapettes à mouches, les affaires ne marchent plus très bien : il n’y a pas suffisamment de mouches ! Alors que les actionnaires inquiets décident de rationaliser l’usine, un savant fou se penche sur un projet de mouches mutantes qui ne tardent pas à attaquer les habitants de la ville. Max, un jeune garçon à la recherche de son père, découvre les manipulations de Bzz & Co et, accompagné de sa nouvelle amie Félicie, il part contrer leur plan.
Notre avis : C’est ce 13 février, plus d’un mois après Noël et ses grosses machines de guerre hollywoodiennes que sort Max & co, petit film d’animation français, initié en 2002 par deux frères, Sam et Fred Guillaume. Au départ, cette production au budget minime se présentait simplement sous la forme d’un court métrage ne devant pas excéder les vingt minutes,. Mais c’était sans compter sur le producteur Robert Boner qui, séduit par les artistes, décida de leur donner les moyens d’approfondir leur ambition. Fort d’une équipe de près de trente animateurs, et épaulés de grands noms du cinéma français tels que Renato Berta à la photographie ou encore Bruno Coulais à la composition, c’est aujourd’hui, six ans après, que les deux frères nous présentent leur bébé.
A l’instar des Noces funèbres de Tim Burton nous assistons à un spectacle de marionnettes, en partie mécanisées (expressions faciales), insérées dans des décors en trois dimensions. Si l’animation souffre d’une décomposition parfois peu fluide, le procédé s’avère efficace dans la qualité du rendu obtenu à l’écran. Un rendu qui fait honneur à une patte graphique unique, puisant son inspiration autant dans le XIXème siècle français que dans un modernisme fantaisiste coloré et détaillé. A l’image de cet étonnant croisement d’instruments mêlant cordes, vents, et cuivres, mettant à l’épreuve aussi bien les graphistes que l’imagination électronique d’un Bruno Coulais qui s’en tire brillamment.
Max & co, séduisant et aucunement standardisé dans sa forme, aurait donc pu faire figure d’honnête divertissement sans que ses auteurs s’attachent à l’élaboration d’un scénario très profond. Mais les deux artistes, désireux de faire de ce "p’tit film d’animation bien d’chez nous" un vrai pamphlet contre le capitalisme exacerbé, ne se sont pas laissés aller à cette facilité. A partir d’un synopsis simple, les auteurs prennent soin d’analyser et de pasticher le système capitaliste pour mettre en garde le jeune public face à ses possibles dérives. Cette proposition audacieuse est soulignée par une liberté de ton rare et une écriture fine, sans jamais remettre en question l’accessibilité du métrage. Aussi, ne déceler dans cette croisade de deux enfants contre une grosse entreprise de tapette à mouche qu’une simple production haut de gamme pour les plus petits serait lui ôter sa légitimité première, celle d’une oeuvre engagée au potentiel certain pour le public adulte.
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