Le 9 mai 2016
Le dernier long métrage de Claudio Caligari est une replongée plutôt inspirée au milieu de la banlieue ouvrière italienne des années 90 et de sa jeunesse paumée.
- Réalisateur : Claudio Caligari
- Acteurs : Luca Marinelli, Alessandro Borghi , Silvia D’Amico
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Non Essere Cattivo
- Date de sortie : 11 mai 2016
- Festival : Festival de Venise 2015
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Le dernier long métrage de Claudio Caligari est une replongée plutôt inspirée au milieu de la banlieue ouvrière italienne des années 90 et de sa jeunesse paumée.
L’argument : 1995, près de Rome. Vittorio et Cesare qui se connaissent depuis 20 ans, sont comme des frères inséparables. Leur quotidien se résume aux discothèques, à l’alcool et aux trafics de drogues … Mais ils paient cher cette vie d’excès. Après avoir rencontré Linda, Vittorio semble vouloir changer de vie. Cesare lui, plonge inexorablement…
Copyright Bellissima Films
Notre avis : Avec Mauvaise Graine, qui fût présenté hors compétition à la 72e Mostra de Venise, Claudio Caligari (L’Odore della notte, Amore Tossico) signait là son dernier film. Le cinéaste italien décédera en effet au mois de mai 2015 à la fin du montage, des suites d’une longue maladie. C’est l’acteur et producteur Valerio Mastandrea, ami proche du réalisateur, qui se chargera de terminer le long métrage après sa mort. Mauvaise Graine raconte l’histoire de deux amis de longue date, dealers comme consommateurs d’ecstasy et autres psychotropes à leurs (nombreuses) heures perdues, égarés dans la banlieue romaine des années 90. Une œuvre moulée dans un héritage pasolinien qui doit également beaucoup au Mean Streets de Martin Scorsese. On retrouve donc une forme d’empathie relativement bien captée par Caligari pour cette jeunesse larguée sans espoir d’issue favorable. Vittorio (Alessandro Borghi) et Cesare (le fougueux Luca Marinelli vu dans La Grande Bellezza) ont vécu jusqu’à présent de deals et autres arnaques à la petite semaine. L’un va essayer de se ranger afin de se construire un avenir auprès de celle qu’il aime tandis que l’autre continue de se noyer inexorablement dans un présent gangréné par la drogue (on peut d’ailleurs compter sur la mise en scène de quelques trips hallucinés).
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À travers ses personnages, le film alterne espoir et vision désespérée tout en rendant compte des ravages de la drogue. On décèle ici une forme d’humanité qui apporte au film une sincérité relativement touchante (l’amitié sincère entre Vittorio et Cesare malgré leur relation nocive, ou encore l’attention toute particulière que porte Cesare à sa nièce orpheline et malade). Et même si ces embardées mélodramatiques se montrent parfois un tantinet excessives, elles parviennent à faire naître une forme de compassion bien réelle. Très ancré dans l’époque qu’il dépeint, Mauvaise Graine restitue parfaitement l’atmosphère des années 90 tant au niveau culturel (eurodance en fond sonore, virées en Fiat Uno, mode vestimentaire avec un goût prononcé pour le large) que dans son approche visuelle puisque la photographie signée Maurizio Calvesi réussit à retrouver cette texture d’image propre à la décennie. Même si le dernier acte vire au tragique moralisateur, on reste enthousiasmé par le regard du cinéaste sur cette jeunesse banlieusarde faite de petits malfrats ivres de leur gouaille et qui aiment se moquer gentiment des travailleurs (à quoi bon suer alors qu’on peut zoner tranquillement en empochant l’argent des deals ?). Les destins liés de Cesare et Vittorio, tous deux interprétés avec justesse (une mention cependant pour Luca Marinelli), débouchent sur une oeuvre aux allures de tableau social empreint d’une noirceur édulcorée par une pincée d’humour (dans sa première partie tout du moins). À défaut de marquer durablement les esprits, l’ultime livraison de Claudio Caligari demeure plutôt enthousiasmante.
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