Mausart - La chronique BD

Ode à la musique, fable sur l’honnêteté, album franc et riant, Mausart a les qualités pour faire passer un message critique tout en plaisant au lectorat, avec une finesse et une élégance rares. Évidemment, l’histoire tend vers le déjà-vu, le vol du talent d’autrui étant un sujet ancien et si moderne dans le monde d’aujourd’hui, que même sans le renouveler il apparaît plein de fraîcheur et d’espoir. Car l’espérance et la persévérance sont bien, au-delà du talent brut, les qualités que l’histoire porte du début à la fin. Le happy-end final plonge sûrement cet album dans l’univers du conte, au sens moderne du terme, et permet de voir se développer des petites péripéties, et un dénouement assez court. Mais tout cela est pour le mieux, car loin d’ennuyer, Mausart remplit bien sa fonction de divertissement, éphémère mais efficace, davantage que son postulat critique.

© Delcourt

Si l’histoire n’a rien de vraiment original, le dessin possède une énergie communicative, avec ce ressort de la personnification de l’animal qui a fait la force des Blacksad, De Cape et de Crocs ou encore plus récemment Le Petit rêve de Georges Frog. En cela, La Fontaine est encore bien présent, et l’on pourrait presque retrouver l’esprit des gravures d’époque façon Gustave Doré, sublimé par des couleurs chatoyantes, pleine de luxe et de volupté. Les souris, sans cesse souriantes, ont un côté familial et spontané qui rappellerait un dessin-animé matinal, mais d’une qualité raffinée.

© Delcourt

Joli et jovial, où l’on entend une douce musique et où l’on voit un décor charmant, Mausart est bien l’anti-Maus. Sorte d’Amadeus à croquer, quelque peu simplifié mais parfaitement théâtralisé, cet album en one shot apporte beaucoup, pour un public jeunesse élargi.