Marshall Bass T.1 Black & White - La chronique BD

River Bass est un cow-boy black dont la vie n’est pas comme son nom, à savoir une rivière tranquille. Il ne veut pas d’histoires, mais celles-ci semblent lui courir après  : accusé à tort d’être un déserteur et un bandit, après avoir patienté avec la corde au cou façon Tuco le Truand, on lui propose finalement un poste d’adjoint du Marshall pour infiltrer une bande d’anciens esclaves et de renégats noirs qui pillent la région. S’il n’est pas le meilleur tireur de l’Ouest, Bass possède en revanche une répartie qui fait mouche à chaque fois. Son humour et son ironie mordante, mais aussi son stoïcisme implacable devant l’adversité n’est pas sans rappeler un certain Mike Steve Blueberry, qui aurait croisé la route d’un Django de Tarantino, notamment avec un maître d’hôtel qui évoque par exemple Samuel Jackson. Croisement ou simple référence, l’ensemble est en tout cas réussi, avec une ambiance tantôt pleine d’humour décapant, tantôt d’un sérieux crispant.

© Delcourt

Cette dualité se retrouve dans le dessin, qui peut faire penser au style des comics urbains américains , de type Spiegelman, irrévérencieux avec des scènes d’action qui semblent figées, des visages un peu caricaturaux et des couleurs criardes. Pourtant, ce style graphique arrive à créer des pages étonnamment sombres, une ambiance pas loin d’être glaçante par certains aspects. En fait, on s’attend à ce qu’il se passe quelque chose de mauvais, une tension continue pour ce pauvre Marshall Bass, qui transparait bien grâce à ce style décalé, et inédit pour un western.

© Delcourt

Original par sa forme, sympathique dans son approche du héros débrouillard malgré une fâcheuse tendance à ne pas être au bon endroit au bon moment, ce premier tome, qui est une histoire complète, lance bien un personnage qui aura cœur à se développer, pourquoi pas en continuant à jouer de malchance.