Le 28 mai 2003
Portrait d’un des plus grands écrivains latino-américains.
Jouissant aujourd’hui et depuis ses débuts en littérature à la fin des années 50, d’une reconnaissance internationale, le Péruvien Mario Vargas Llosa compte parmi les plus grands écrivains latino-américains. Une oeuvre foisonnante, monumentale, qui remonte aux racines du continent sud-américain, avec ses richesses et ses dérives. Théâtre (La demoiselle de Tacna, La chunga), essais littéraires (notamment son Orgie perpétuelle, somme apologique sur Madame Bovary) analyses politiques et sociales (Les enjeux de la liberté, Contre vents et marées), mémoires autobiographiques (Un poisson dans l’eau), innombrables articles pour des revues littéraires, Vargas Llosa touche à tout et entretient régulièrement son image par des billets d’humeur détonants pour le quotidien espagnol El Pais.
Evincé du jeu politique en 1990 après sa défaite aux élections présidentielles de son pays face à Alberto Fujimori, Mario Vargas Llosa n’en demeure pas moins convaincu que l’écrivain doit s’engager, et notamment dans des pays où la démocratie est menacée. Membre pendant ses années universitaires d’une branche étudiante du Parti communiste péruvien alors clandestin, puis tenté par la révolution cubaine, séduit par Sartre à son arrivée à Paris, Vargas Llosa s’émancipe rapidement des contraintes idéologiques pour inventer son parcours de "gauchiste" indépendant, combattant des dictatures d’inspiration staliniennes. Candidat de la droite démocratique, au grand dam des intellectuels de gauche européens, il revendique ses prises de position, sans renier pour autant sa littérature, généreuse, diverse et humaine.
Si Mario Vargas Llosa continue à intervenir sur des sujets d’actualité dans les journaux, c’est maintenant en tant qu’intellectuel citoyen, en même temps qu’il se replonge avec avidité et soulagement dans l’écriture, parce qu’à la manière de Flaubert, écrire est sa façon de vivre. Après sa défaite, il regagne l’Europe qu’il avait découverte dès 1957, en doctorat de lettres et philosophie à l’université de Madrid. 1957, c’est aussi l’année où il remporte avec son récit El desafío, un concours organisé par La Revue Française dont le prix est un voyage à Paris. Il s’y installe et travaille comme professeur d’espagnol, traducteur, mais aussi journaliste à la RTF. 1957, c’est enfin l’année où il reçoit le prix Leopoldo Alas pour son premier recueil de nouvelles, Les caïds. Sa carrière est désormais entre ses mains, puissantes et acharnées, infatigables, à la lecture comme à l’écriture. C’est en 1963, Vargas Llosa a alors 27 ans, qu’est publié en Espagne La ville et les chiens, distingué par de multiples prix parce qu’immédiatement reconnu comme un chef-d’oeuvre, roman en partie autobiographique sur l’adolescence d’un groupe d’élèves du lycée militaire Leoncio Prado de Lima, à l’écriture novatrice et déjà aboutie et maîtrisée.
Depuis, Mario Vargas Llosa parcourt le monde, dispensant des cours dans de prestigieuses universités, recevant titres et récompenses, et surtout écrivant, avec une régularité de clerc, dans ses lieux de prédilections que sont les bibliothèques nationales et universitaires, surtout celle du British Museum avant son tragique déménagement à Saint Pancras, à la recherche peut-être lui aussi d’un paradis, qui, à chaque fois qu’il se dérobe, nous donne à lire des chefs-d’oeuvre... De là à souhaiter égoïstement que le paradis soit encore bien loin pour Vargas Llosa...
Pour en savoir plus sur Mario Vargas Llosa, on pourra lire le numéro de L’Herne paru en février 2003 qui lui est consacré, coordonné par son traducteur et ami Albert Bensoussan ; ce cahier contient de nombreux témoignages, des correspondances, des entretiens et des textes inédits de l’écrivain.
A lire également un petit ouvrage qui vient de sortir aux Editions Terre de Brume dans la nouvelle collection Caravelle, Entretien avec Mario Vargas Llosa suivi de Ma parente d’Arequipa, une nouvelle inédite. L’entretien est la retranscription d’une rencontre entre Claude Couffon, Albert Bensoussan et Mario Vargas Llosa qui a eu lieu en 1994 à La Maison des Ecrivains de Saint-Malo, à l’occasion d’un voyage de l’écrivain en Bretagne.
Photo - Mario Vargas Llosa © J. Sass/Gallimard
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