Le 9 février 2020
Mamacita est le premier film du réalisateur mexicain José Pablo Estrada Torrescano, qui a opté pour un documentaire sur son extravagante grand-mère, promesse qu’il se devait d’honorer. Sous des dehors baroques, se cachent des secrets, comme dans tout édifice familial.
- Réalisateur : Jose Pablo Estrada Torrescano
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Allemand, Mexicain
- Distributeur : Platano Films
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 12 février 2020
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Résumé : Mamacita est une reine de beauté mexicaine extravagante vivant ans son propre royaume en compagnie de ses fidèles serviteurs : jardinier, chauffeur, chef, femme de ménage et infirmières. Âgée de 95 ans, elle a transformé sa maison en château, cachant les plaies ouvertes d’une famille de la haute société mexicaine derrière de hauts murs de pierres. Quand José Pablo est allé étudier le cinéma en Europe, Mamacita lui a fait promettre de revenir un jour au Mexique pour faire un film sur sa vie. Il se lance alors dans la conquête de l’empire de sa grand-mère, découvrant les zones sombres de son propre passé, plongeant tête baissée dans un océan de secrets, de tromperies et de faux-semblants ayant bousculé sa propre famille pendant des générations.
Notre avis : Mamacita, nonagénaire soigneusement pouponnée, estimant que toutes les femmes devraient lui ressembler, nous apparaît ainsi profondément antipathique, lorsque nous la découvrons. Elle est très autocentrée, avec toute sa petite cour s’affairant à la servir. Certains de ses domestiques supportent ainsi son caractère entêté, parfois depuis des dizaines d’années. Leur dévouement a de quoi surprendre. Lorsque José Pablo Estrada Torrescano, son petit-fils, la filme au départ, le documentaire semble prendre le chemin de la satire. Mais la filiation qui les unit, via les liens du sang, va, peu à peu, apaiser leurs échanges, et donner naissance à une réelle et sincère proximité émotionnelle, qui va aller crescendo, tout au long du film.
Mamacita a un ego surdimensionné, prétexte à s’esclaffer. Mais elle est, en réalité, même si elle n’ose pas l’admettre, par souci de fierté, dépendante de ses domestiques, notamment lorsqu’il s’agit de se mouvoir. Elle peine à contrôler son tempérament acariâtre et ses sautes d’humeur. Nous avons tous nos propres blessures, peinant à cicatriser, et Mamacita conserve, pour modèle intimidant, son grand-père, qui était un général. Elle en garde un souvenir exécrable, car elle le craignait énormément. Les coups de ceinture ont émaillé son éducation. Elle concède néanmoins que son grand-père lui manque beaucoup. Ce paradoxe est intrigant. Peut-être reproduit-elle le même schéma autoritaire en tant que matriarche d’une grande famille ?
Le réalisateur s’efforce de nouer un dialogue, nourricier pour son documentaire, avec Mamacita. Il lui fait voir des photos et des vidéos pour saisir son passé, afin de mieux comprendre le chemin de vie personnel et l’ascenseur professionnel empruntés par la vieille dame. Cette dernière s’ouvre enfin à la tendresse et devient même demandeuse de réconfort. José Pablo Estrada Torrescano filme également la villa, à la richesse excentrique, avec pointillisme, en voix off. Mamacita a construit, toute seule, son empire de soins esthétiques, ouvrant clinique sur clinique, mais elle n’a trouvé aucune expression pour son drame intérieur. Elle s’offre, sur une musique pianistique s’adoucissant, une place réservée, pour un amour, moins théâtralisé.
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