How I live now (Maintenant c’est ma vie) – la critique

Kevin Macdonald, le réalisateur du Dernier roi d’Écosse signe un film maîtrisé doté d’une grande justesse de propos. À la fois frais et cruel, c’est l’une des bonnes surprises de ce début d’année.

L’argument : Daisy, une adolescente new-yorkaise, passe pour la première fois ses vacances chez ses cousins dans la campagne anglaise. Rires, jeux, premiers émois… Une parenthèse enchantée qui va brutalement se refermer quand éclate sur cette lande de rêve la Troisième Guerre Mondiale…

Notre avis : Le postulat de départ, assez proche de L’Aube Rouge et de Demain quand la guerre a commencé, attire l’attention par son approche originale. Le film place ses protagonistes témoins de la troisième guerre mondiale avec un réalisme glaçant. Ici pas question de prendre les armes pour combattre l’ennemi et devenir les sauveurs de la nation. Non. Face à une situation qui les dépasse, ils vont juste tenter de survivre pour mieux se retrouver.
Le réalisateur britannique Kevin Macdonald adapte le roman best seller de Meg Rosoff paru en 2006. Bien lui en a pris, quand on connaît la rigueur dont fait preuve le metteur en scène dans chacun de ses films, documentaires (Un jour en septembre, Marley) ou fictions (Jeux de pouvoir, L’aigle de la neuvième légion).
Dans Maintenant c’est ma vie, il présente les personnages et leur caractère avec une rapidité déconcertante sans avoir besoin d’en rajouter. Cette justesse de propos s’avère essentielle dans le traitement du récit afin de paraître immédiatement crédible aux yeux des spectateurs. Sa maîtrise est telle que tout paraît naturellement évident.

© Nicola Dove

La première partie du film dépeint les vacances idylliques passées dans la campagne anglaise par ce petit groupe rapproché par les liens familiaux. Jamais les relations ne tombent dans le piège de la caricature. Ceci est en grande partie dû à une interprétation sans fausse note de la part des jeunes comédiens. Et tout particulièrement la star montante d’Hollywood, Saoirse Ronan (Lovely Bones, Hanna et Les Âmes Vagabondes). Passant d’une adolescente troublée par ses questionnements intérieurs à une battante responsable, elle irradie l’écran. La photographie de Franz Lustig y est certainement pour beaucoup. Sa direction alterne judicieusement entre réalisme et onirisme. Un choix indispensable pour marquer le contraste entre la gravité de certaines scènes tout en faisant honneur aux somptueux paysages du Pays de Galles, décors naturels du film.
Le ton change radicalement quand la troisième guerre mondiale éclate. L’innocence et la joyeuse naïveté du premier acte laissent place à la triste réalité de la guerre.
Le contexte force ces jeunes gens à grandir plus vite que prévu et le film ne leur épargne pas les horreurs de la guerre. L’héroïne n’a plus le temps de ressasser ses problèmes existentiels. Elle doit assumer des nouvelles responsabilités et se mesurer à des choix courageux.

© Nicola Dove

Kevin Macdonald a la bonne idée de ne pas s’attarder sur la grandiloquence des événements d’un conflit à grande échelle. Il reste au niveau humain et expose la transformation soudaine du quotidien de cette héroïne et de ses cousins ; la petite histoire dans la grande.
L’absence de cette prétention ne l’empêche pas de livrer une œuvre majeure.
Intelligent, mature, beau et cruel, le film confronte sans détour les plaisirs simples de la vie aux scènes effroyables de la guerre. Et au milieu de ce chaos coule une romance. Une illustration osée et accélérée du passage de la crise d’adolescence à l’âge adulte. Un film particulier qui se métamorphose en agréable surprise.