Le 28 mars 2017
Les derniers moments d’une vieille femme, ennuyeux comme le tic-tac d’une horloge.
- Réalisateur : Enrique Rivero (II)
- Acteurs : Margarita Saldana, Amalia Salas, Juan Chirinos
- Genre : Drame
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Zootrope Films
- Durée : 1h24min
- Box-office : 2.278 entrées France / 1.976 entrées P.P.
- Titre original : Mai Morire
- Date de sortie : 29 mars 2017
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Résumé : Chayo est de retour dans sa ville natale pour s’occuper de sa mère âgée et malade. Malgré la beauté sublime de ce lieu, elle doit toutefois faire face aux anciens démons de son existence. Ce sera le prix de sa liberté.
Comme le temps est parfois long quand un personnage de fiction agonise... Sur un sujet intrinsèquement touchant, le film d’Enrique Rivero documente le morne quotidien d’une famille pauvre, qui semble avoir suspendu toute idée de vivre, dans l’attente d’un événement inéluctable. Le sentiment d’accablement qui assaille les personnages finit par peser sur les épaules du spectateur et l’on ne peut même pas dire que la perspective du centième anniversaire s’annonce sous les meilleurs auspices, puisque la mère de Chayo, très malade, refuse qu’on organise une fête. Si la réalisation s’interdit louablement de dramatiser les derniers moments de la moribonde, c’est pour mieux investir l’environnement et le parer des signes du passage. Ainsi, les promenades répétées en trajineras sur les canaux de Xochimilco peuvent figurer le chemin de l’après-mort, une sorte de Styx tranquille par lequel transitera l’âme de celle qui s’y est préparée. De lents travellings suivent les barques glissant sur l’eau calme, avec des voyageurs plutôt mutiques. A d’autres moments, un soleil couchant, filmé en plan fixe, semble absorber le corps immobile de la mère et de la fille, sans qu’il n’y ait aucun signe de tendresse, comme si Chayo s’acquittait d’une tâche morale à accomplir.
La seule scène spectaculaire est un rêve de l’héroïne, assez effrayant, peuplé de poupées disloquées. La séquence est superbe. D’autres images, tout aussi travaillées, jouent parfois avec des camaïeux de couleurs fauves, pour esthétiser en creux l’émotion induite par cette mort imminente. Le problème, c’est que dans ce creux s’engloutit tout l’ennui du spectateur. On attend un signe sur le visage marmoréen de l’actrice principale, même lorsque des larmes coulent. On présume que des années de non-dits et d’éducation au silence ont imposé à chaque membre de cette famille la nécessité de ne jamais montrer ses émotions.
Au final, Chayo ne sera pas là pour accompagner les dernières respirations de sa mère. Elle semble patienter dans la pièce d’à-côté, tout comme les petits enfants. Et quand la vieille femme trépasse, un conte narré en voix off, nous rappelle que nous sommes tous assignés à notre destinée. A cette morale, on sourira benoîtement.
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