Fantômes à Rome
Le 4 août 2013
Perdu entre drame fantastique et comédie légère, le nouveau film de Ferzan Ozpetek brasse un flot de sujets sans quitter la surface. Surfait, alambiqué et hétérogène, Magnifica presenza manque de fraîcheur....
- Réalisateur : Ferzan Ozpetek
- Acteurs : Elio Germano, Vittoria Puccini, Margherita Buy, Giuseppe Fiorello
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h36mn
- Date de sortie : 31 juillet 2013
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Perdu entre drame fantastique et comédie légère, le nouveau film de Ferzan Ozpetek (Le premier qui l’a dit) brasse un flot de sujets sans briser la surface. Surfait, alambiqué et hétérogène, Magnifica presenza manque de fraîcheur....
L’argument : Pietro a un rêve, il veut être acteur ! Abandonnant sa Sicile natale, il s’installe à Rome dans une maison pleine de charme et d’inattendu ! Il ne pouvait s’imaginer la présence d’individus plutôt envahissants qui ne semblent pas prêts à quitter les lieux... En tout cas pas sans l’aide de Pietro...
Notre avis : Sur le papier, l’idée est charmante. Pour ce sixième long-métrage, Oztepek s’attaque à l’Italie fasciste, véritable colosse, dont les pieds d’argile embourbe encore aujourd’hui les mentalités du pays. Au second plan, le cinéaste épaissit le champ d’une nouvelle intrigue : celle de Pietro, candide sensible et solitaire, venu réaliser ses rêves à la lumière de Rome. Entre les deux, une sombre histoire de maison hantée....
Théatral et simpliste, Magnifica presenza pèche par son mélange des genres. Désireux d’être sur tous les fronts, Ozpetek multiplie les cibles et rate son tir. Entre le genre historique (troupe théatrale vicitme du fascisme), le drame initiatique (Pietro, doux rêveur déconnecté du monde réel) et le fantastique (colocataires fantômes), le récit perd toute cohérence et coule à pic. A la source de ce naufrage ? Une écriture maladroite et peu fluide, qui assemble les intrigues sans les mêler. Aussi, les trente premières minutes du film nous mènent-elles sur une fausse piste, celle d’une chronique douce amère sur le monde illusoire du cinéma. A peine installé dans l’ambiance qu’un coup de théâtre change la donne : la scène envahit l’intérieur et cette fois-ci, c’est bel et bien Pietro qui joue le spectateur. Si l’inversion des mondes ouvre une piste intéressante, celle d’une absurdité permanente qu’elle soit mise en scène irréelle ou mascarade du réel, la brutalité de la transition déroute. La magie est rompue, le spectateur se sent trompé et n’y croit plus. Dès lors, Ozpetek a beau déployer surprises et comique de situation, le rire ne prend plus.
Même le jeu d’Elio Germano ne parvient pas à sauver les meubles. Entre les lits qui grincent, les tables qui bougent et les portes qui claquent, c’est l’outrance du fantastique qui prend le dessus. Pietro s’enfonce dans son imaginaire, et devient à moitié fou. A ses côtés, la troupe de fantômes prend corps et voix : Pietro doit les aider à trouver la paix.
Cousu de fil blanc, la suite du récit ne gagne pas en crédibilité. Loin de détourner la superficialité qu’il dénonce, le cinéaste se prend au jeu du spectaculaire et s’enlise dans le raccourci : celui d’internet. Et au lieu d’explorer la complexité du fascisme et de sa descendance, Ozpetek simplifie. Dangereusement. En un clic, Pietro réduit cinquante ans d’histoire à néant. A si quand même : ’’les américains ont élu un président noir’’. Face à l’écran de l’ordinateur, les fantômes versent une larme...
Touffu et un poil trop ambitieux, Magnifica presenza lance des pistes sans jamais vraiment les faire aboutir. Pris à son propre piège, le cinéaste s’éparpille en un huis-clos qui tourne prodigieusement en rond.
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