Le 16 juillet 2024
Un polar décalé qui confirme l’originalité de style de Soi Cheang, petit maître du cinéma hongkongais. Une curiosité.
- Réalisateur : Soi Cheang
- Acteurs : Gordon Lam, Lokman Yeung, Ng Wing-sze, Peter Chan, Berg Ng
- Genre : Drame
- Nationalité : Hongkongais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h48mn
- Titre original : Ming On
- Date de sortie : 17 juillet 2024
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Résumé : Par une nuit d’orage, un maître de feng shui tente de sauver une prostituée d’une mort certaine, mais le destin en a décidé autrement. Arrivé à son domicile, il découvre le corps de la jeune femme, victime d’un abject serial killer. Un livreur déboule à son tour sur la scène de crime, hypnotisé et fasciné par ce qu’il voit. Le maître de feng shui prédit au garçon un avenir sombre et meurtrier. Mais cette fois, il jure de tout faire pour changer le cours des choses. Sauf que l’inspecteur chargé de l’enquête est convaincu que le livreur est un psychopathe-né dont la soif de sang ne peut être arrêtée...
Critique : En 2023, nous avions pu découvrir en VOD Limbo, polar stylisé en noir et blanc, présenté au Festival de Berlin deux ans plus tôt. Formé initialement en arts et dessin, ancien assistant de Ringo Lam, Andrew Lau et Wilson Yip, Soi Cheang était passé à la réalisation avec Our Last Days (1999). Il est vite devenu l’un des cinéastes montants de Hong Kong avec des films d’horreur et d’action appréciés par les aficionados, à savoir Accident (Mostra de Venise 2009), Motorway (Locarno 2012) et SPL 2 : A Time for Consequences (Toronto 2015). Mad Fate a valu à Soi Cheang de remporter le Hong Kong Film Award du meilleur réalisateur. Coproduit par Johnny To et coécrit par Yau Nai-hoi, le film n’est pas de tout repos et démarre sur des chapeaux de roues avec l’agression mortelle d’une prostituée à son domicile, suivie par une série de péripéties agitées axées autour de quatre protagonistes tourmentés : un maître de feng shui prédicateur (Gordon Lam), un jeune livreur dépassé par les événements (Lokman Yeung), un inspecteur qui n’est pas né de la dernière pluie (Berg Ng), sans oublier un serial killer cochant toutes les cases de l’emploi (Peter Chan).
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- © 2022 MAKERVILLE COMPANY LIMITED AND NOBLE CASTLE ASIA LIMITED. Tous droits réservés.
La narration est aussi embrouillée que dans Le grand sommeil et il faut s’accrocher pour saisir les tenants et aboutissants de ces courses-poursuites et jeux de piste où tous les coups sont permis. Mais l’essentiel n’est pas là. Soi Cheang et ses collaborateurs (le directeur de combat Wong Wai-leung, la directrice artistique Cat Leung, le monteur Allen Leung) parviennent à combiner le maintien d’un rythme soutenu et la création d’une ambiance oppressante, le cinéaste utilisant avec pertinence le décor de Hong Kong pour en suggérer les aspects les plus sordides. Concernant les symboles mis en exergue dans le long métrage, Soi Cheang précise d’ailleurs dans le dossier de presse : « Le critère numéro un pour le choix du lieu, c’est qu’il devait être composé d’éléments liés au ‘‘destin’’. Par exemple, vous pouvez observer un temple dans la rue principale. On voit aussi un cimetière, qui représente la mort. Le temple de la rue principale représente les espoirs de la vie, comme les choses pour lesquelles nous prions. On peut voir de nombreuses antennes sur le toit de la maison (…) (qui) symbolisent la communication ou la relation d’une personne avec l’au-delà. J’espère que ce thème de la communication avec l’au-delà imprègne tout le film. Notre intention était de créer une atmosphère où il y aurait une communication entre les personnages et l’au-delà. »
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Le projet est d’autant plus louable que le film est un bel objet esthétique, aux résonances « giallesques », mais aussi une réflexion sur l’idée de rédemption pouvant contrecarrer le déterminisme de la condition humaine. Il est dommage que le réalisateur ait souhaité tempérer la noirceur ambiante par des touches d’humour qui, loin d’apporter le ton décalé inhérent aux films de Tarantino ou des Coen, confère ici une lourdeur qui empêche l’adhésion complète au dispositif. Mad Fat n’en demeure pas moins un divertissement de qualité tout autant qu’une œuvre cohérente avec l’univers de son auteur.
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