Cultissime !
Le 9 décembre 2012
Inclassable et extravagant, un film qui contamine par son énergie. Le Cinema Novo à son meilleur.
- Réalisateur : Joaquim Pedro de Andrade
- Genre : Comédie
- Nationalité : Brésilien
– Durée : 1h48mn
Inclassable et extravagant, un film qui contamine par son énergie. Le Cinema Novo à son meilleur.
L’argument : Macunaïma, "héros sans caractère", évolue avec désinvolture à travers le pays en changeant de couleur. Né noir d’une mère indienne, il devient blanc sous une pluie magique. Il rencontre des personnages mythologiques et des acteurs de luttes politiques urbaines, tels qu’une guerrillera et un grand patron transmuté en géant cannibale.
Notre avis : Emblème du Cinema Novo, âge d’or d’un cinéma brésilien où les cinéastes d’alors pouvaient tout se permettre, Macunaima constitue un parangon de film au récit totalement inracontable qui échappe aux mots mais pas au regard. En surface, il s’agit de l’adaptation d’un classique de la littérature moderniste brésilienne des années 20 où une sorte de Candide va être confronté à des personnages malintentionnés et de rudes péripéties. En substance, on trouve un film inclassable, métaphorique, original et un peu épuisant dont la simplicité déroutante abrite des zones d’ombres qui donnent à réfléchir et à aimer. Pour faire simple, il contient plusieurs strates fictionnelles qui l’apparentent à la fois à un récit initiatique, une odyssée picaresque, un trip hédoniste, une fable herzogienne. L’ensemble est si déstructuré dans la narration que sa vision peut paraître ardue. Mais les images qu’il propose, jouant sur les symboles et les décalages, sont suffisamment extravagantes pour stimuler l’esprit. Tel quel, c’est un antidote à la grise mine qui contamine par son énergie et envoûte par son dépaysement radical.
Comme s’il avait été sous influence psychotrope, le réalisateur Joaquim Pedro de Andrade est parti d’une base concrète pour en extraire une essence, effleurant le spirituel afin de ratiboiser l’explicatif et le rationnel. Par-dessus tout, il ose avec une certaine dose de licence poétique les effets kitsch, abuse de l’onirisme malotru, enchâsse les métaphores triviales et livre in fine une réflexion touchante sur la solitude de ceux qui veulent échapper à eux-mêmes. A l’aune du personnage principal qui passe par toute une gamme d’émotions ambivalentes et de nouvelles peaux. A défaut d’être subtil, ce puzzle bariolé, pourvu d’éloquentes trouvailles burlesques et d’idiosyncrasies tordues, dégage une sympathie immédiate, une allégresse naïve, une folie divine qui manque cruellement à un cinéma actuel rongé par la standardisation et l’angoisse du risque. Certains seraient inspirés de s’en inspirer.
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Frédéric Mignard 28 août 2011
Macunaima - la critique
Grotesque, absurde et donc génial, un cinéma qui ne ressemble qu’à lui-même et qui parvient à contaminer les plus sceptiques de son énergie revigorante. La claque !