Ma vie pour la tienne - la critique

L’argument : Une ancienne avocate reprend du service pour plaider sa cause et celle de son mari lorsque sa fille de 11 ans les attaque en justice pour demander son émancipation. La jeune fille leur reproche d’avoir été conçue dans le seul but de disposer d’un individu compatible génétiquement avec sa soeur rongée par le cancer, dans l’espoir qu’elle puisse prolonger la vie de celle-ci.

© Memento Films Distribution

Notre avis : Le titre du nouveau film de Nick Cassavetes, Ma vie pour la tienne, résume à lui-seul l’esprit du long-métrage. Il n’est pas tant question d’une pré-adolescente capricieuse refusant de faire don de son rein à sa sœur que d’une mise en situation d’une famille en crise face à la maladie incurable de l’un des leurs. Ainsi, l’intérêt n’est pas de savoir qui a tort ou raison mais de constater, sinon de comprendre comment le drame de l’un devient le déchirement de tous. C’est pourquoi la superposition des pensées de chacun permet de cerner la complexité du sujet et de saisir les enjeux personnels du don de soi pour autrui. Il n’y a pas de héros ou de narrateur mais une pluralité de personnalités dont les ambitions et les douleurs respectives viennent nourrir la cohérence et la force du lien familial. On remarque nécessairement l’excellente direction d’acteurs de Cassavetes qui obtient de chacun d’entre eux une pertinence et une conviction indispensables à la crédibilité du sujet (mention spéciale à Cameron Diaz qui quitte la comédie pour interpréter une mère, jeune quadragénaire, des plus convaincantes).

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On peut bien sûr reprocher à Nick Cassavetes de tirer sur la corde sensible à grand renfort de musiques mélancoliques (les chansons parfaitement à-propos auraient d’ailleurs méritées d’être sous-titrées). On peut également le tancer d’avoir mis volontairement de côté le questionnement éthique que peut susciter un sujet aussi grave que les bébés-médicaments et le droit de l’individu à disposer de son corps. Ces injonctions sont tout à fait valables dans la mesure où le sujet est en soi une épreuve et mériterait une mise en scène plus sobre, une caméra plus distante, moins solennelle. Certes... mais l’on peut aussi voir Ma vie pour la tienne comme un élan d’humanité et de générosité de la part du cinéaste. Celui-ci raconte un récit douloureux, une histoire de cœur avec toute sa sensibilité. Engagé, il réalise une œuvre beaucoup plus sincère et bien moins chichiteuse que N’oublie jamais et parvient à faire de son dernier long-métrage une jolie parenthèse émouvante.

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