Le 14 septembre 2020
- Dessinateur : Kim Hong-Mo
- Genre : Autobiographie, Historique
- Editeur : KANA
- Date de sortie : 15 mai 2020
Disponible sur
Le dessinateur et militant coréen Kim Hong-Mo revient dans ce récit semi-autobiographique sur son passage en prison à l’époque des manifestations étudiantes pro-démocraties de 1997.
Résumé : Jeune dessinateur inscrit à l’université de Hongik à Séoul, Yongmin participe activement aux mouvements étudiants qui protestent en 1997 contre le gouvernement autoritaire en place en Corée du Sud. Le pays est victime à cette époque d’une violente crise économique et sociale. Les étudiants réclament en particulier justice après les révélations relatives à l’impunité des commanditaires du massacre consécutif au « soulèvement de Gwangju » de 1980, qui a vu l’armée tirer sur des étudiants qui réclamaient la fin de la dictature militaire. Comme de nombreux étudiants, Yongmin est arrêté et incarcéré plusieurs mois en 1997, dans l’attente de son jugement. Il revient dès lors sur son séjour en prison.
À travers le regard militant de Yongmin, Ma vie en prison offre un regard éclairé sur l’histoire contemporaine de la Corée du Sud, très méconnue en France. Alliée des États-Unis contre son frère ennemi nord-coréen, la Corée du Sud a longtemps été dirigée de manière autoritaire avant de se démocratiser progressivement. Les étudiants comme Yongmin ont joué un rôle central dans la politisation de la société coréenne. Comme l’indique le titre de son livre, Kim Hong-Mo focalise son récit sur son expérience carcérale. Il dévoile avec humour les relations entre les étudiants et les autres détenus, des petits délinquants aux gangsters. Surtout, le récit révèle l’ampleur de la répression du régime contre les étudiants, dont beaucoup sont inscrits sur des listes noires, et le maintien par ces derniers de stratégies militantes originales une fois en prison. La postface de l’auteur révèle aussi les désillusions provoquées par l’évolution de la vie politique en Corée du Sud... si Kim Hong-Mo est devenue une figure de la bande dessinée coréenne, il est resté inscrit pendant des années sur la liste des personnes potentiellement dangereuses et placée sous surveillance par la police coréenne.
- Kim Hong-Mo / Kana
Le trait charbonneux de Kim Hong-Mo, qui intègre peu de décors pour se concentrer sur les expressions des personnages, correspond bien au ton général d’un récit qui se concentre sur un lieu clos. Ce trait offre un véritable cachet à l’ouvrage, qui séduira en premier lieu les lecteurs en quête d’originalité graphique.
- Kim Hong-Mo / Kana
Ma vie en prison forme une lecture plaisante et instructive, d’autant que le récit est dynamique. Le lecteur éprouve une vraie sympathie pour Yongmin, étudiant un peu perdu mais déterminé à se battre pour la démocratie. Kim Hong-Mo alterne avec justesse les moments graves et plus légers. On regrette néanmoins le fait que l’auteur n’assume pas le parti-pris autobiographique de son récit. L’explication de la postface sur la création d’un double pour relater son expérience carcérale pour lui offrir plus d’universalité ne convainc pas. Par ailleurs, Kim Hong-Mo peint avec trop de bienveillance les relations sociales en prison : les criminels apparaissent systématiquement sympathiques, si bien que l’on se demande ce qu’ils font en prison…
224 pages – 18 €
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