Le 20 juin 2014
- Dessinateurs : Reinhardt Kleist, Naomi Fearn, Mark Seestaedt, David Mohring, Philipp Riesberg
- Date de sortie : 1er juin 2014
Quel meilleur moyen pour découvrir la vivacité de la BD germanique que de réunir autour d’une table cinq auteurs allemands, tous différents, mais tous volontaires et heureux d’être là pour parler du neuvième art.
Etaient donc présents : Reinhardt Kleist, David Mohring et Philipp Riesberg ainsi que Marc Seestaedt et Naomi Fearn.
Je vois à vos yeux ébahis que vous ne connaissez pas forcément tout ce beau monde. Faisons alors les présentations :
Reinhardt Kleist est l’auteur du boxeur, le lauréat de LyonBD de 2013 ! Il a réalisé une BD sur Castro et une sur Johnny Cash, entre autres.
David Mohring et Philipp Riesberg ont écrit Lignes de Front, à partir des lettres de soldats poilus de la première guerre mondiale. Une BD éditée en Français et en Allemand ! Un style tranché pour des histoires vraies et douloureuses.
Marc Seestaedt a écrit un Roman-Photo-BD intitulé Intimacy and Confession in a Digital Age, projet curieux et original qui mérite l’attention. Il sévit aussi sur le net avec LifeStrips. A côté de cela, il a aussi monté le festival Comic Invasion à Berlin, qui permet de rapprocher les auteurs de la scène BD de leur public, et inversement !
Et j’ai gardé pour la fin la seule femme présente, Naomi Fearn, qui publie régulièrement entre autres sa série ZuckerFisch dans les pages cultures du Frankfurter Allgemeine Zeitung.
A noter qu’à côté de leurs productions BD, Naomi et Mark ont fondé le groupe Sticky Biscuits et qu’ils chantent en duo.
Pour tous ceux qui n’avaient jamais conjugué Allemand avec Langue Vivante au lycée, des traducteurs de l’institut Goethe de Lyon étaient présents pour aider à la compréhension des échanges.
Et pour couronner le tout, un animateur lance les questions pour motiver encore plus - était-ce possible - les invités à répondre. Alors voici un petit tour de certains des sujets abordés lors de cette table ronde !
Reinhardt Kleist rappelle qu’il y a vingt ans, la BD avait peu d’ampleur en Allemagne et gardait cette image de publication jeunesse.
Mais heureusement, cela change avec le temps. Aujourd’hui, des grands journaux publient des BD et vont même jusqu’à oser pré-publier des roman graphiques.
Reinhardt Kleist, concentré
Tous sont néanmoins d’accords sur le fait que c’est grâce à la diffusion de leurs œuvres à l’étranger que le succès arrive, bien plus que grâce au public allemand. Ce que confirment David Mohring et Philipp Riesberg, qui ont trouvé un écho avec Lignes de Front grâce également au fait que l’album est sorti l’année du centenaire de la première guerre mondiale.
Marc Seestaedt rappelle que pourtant la BD allemande est riche et variée, il s’en rend compte chaque année au Comic Invasion. Néanmoins, aujourd’hui, pour s’en sortir, de nombreux auteurs allemands doivent se diversifier et ne peuvent compter que sur la BD. Mais cela permet aussi d’élargir ses expériences et de nourrir sa création.
Mark Seestaedt, souriant
L’animateur cherche à définir s’il existe une école Allemande, une German Touch. Mais les cinq auteurs sont d’accord pour dire que ce n’est pas le cas, les styles graphiques sont bien différents. L’animateur revient à la charge et cherche un pont entre les thèmes.
Ils reconnaissent alors que sur ce point, les sujets plus sérieux, les histoires humaines, vraies, personnelles ou historiques touchent plus facilement le public. Reinahrdt rajoute que ce la permet d’attirer des gens vers la BD, quand le sujet est sérieux. Par contre, en Allemagne, le fantastique et la science-fiction ne sont pas porteurs.
Naomi Fearn prend alors la parole pour rappeler que tous les sujets traité par la BD allemande ne sont pas forcément sérieux, il y a aussi de l’humour, de la joie. On ne peut restreindre la création allemande aux drames et aux tragédies de l’histoire. A titre d’exemple, elle cite Ralph Koenig ou Flix qui font des satires à partir de grands classiques comme Faust ou Don Quichotte.
Naomi Fearn, attentive, avec le traducteur à sa droite et l’animateur à sa gauche.
Marc aborde des thèmes réalistes, parle de sa vie, mais y ajoute un coté surréaliste auquel il tient énormément.
De même que les thèmes, les influences sont variées. Reinhardt Kleist a té fortement impressionné par les Etats-Unis, les Comics, puis par les romans graphiques de Will Eisner.
David Mohring partage avec Philipp Riesberg l’influence de Franck Miller. Mais Philippe rajoute Enki Bilal, pour sa narration.
Naomi Fearn cite Bill Waterson, mais aussi Gary Trudeau et Claire Brétécher.
Marc Seestaedt, que l’animateur a oublié à ce moment-là, revient à la charge et mentionne Harvey Pekar qu’il a découvert dans American Splendor. Cet artiste lui a donné l’envie de faire un travail sur son quotidien, de se raconter, même s’il n’a pas vécu de guerre ou de grandes causes.
Ce qu’ont aussi en commun ces auteurs est qu’ils ne sont pas dans une recherche de style original. Ils admirent les autres auteurs pour leur travaux, leur pattes, mais ne cherchent pas à se démarquer. Ce qui compte, c’est l’histoire, la narration. Chacun trouve son style en fonction de ses envies, de son travail, de ses projets.
Reinhardt Kleist constate que les mentalités ont évolué, car aujourd’hui, en Allemagne, on enseigne la BD à l’université, c’était impensable il y a même dix à quinze ans ! Il est optimiste pour la BD allemande, dont la vivacité apparaît chaque année au Comic Invasion.
Mark et Naomi rappellent aussi que le Web est un beau tremplin pour se faire connaître, mais il comporte un problème : comment gagner de l’argent avec son travail numérique ?
David et Philipp ont un autre débouché car leur BD leur a permis de faire plusieurs expos.
Philipp Riesberg et David Mohring, heureux
La discussion est passionnante et chacun précise ou nuance les propos des autres, les échanges sont chaleureux, amusés, cordiaux, intéressants et on pourrait rester toute la soirée à parler avec eux, mais nous ne disposons que d’une heure et quart.
Ainsi se terminent cet échange et la journée du samedi mais le festival de Lyon BD nous réserve encore de belles rencontres !
Galerie Photos
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