Arsène Lupin et les aventuriers du GoldenEye
Le 6 octobre 2020
Avec ce film d’aventures familial construit sur le principe de la chasse au trésor, Takashi Yamazaki réussit le tour de force de faire entrer la licence Lupin III dans le second millénaire tout en mettant en scène un retour aux sources du personnage. Sans constituer le casse du siècle, le numéro de funambule est bluffant.
- Réalisateur : Takashi Yamakazi
- Acteurs : Tatsuya Fujiwara, Kōichi Yamadera , Suzu Hirose, Kan’ichi Kurita, Kiyoshi Kobayashi, Miyuki Sawashiro, Daisuke Namikawa, Kōtarō Yoshida
- Genre : Animation
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 93 min.
- Titre original : ルパン三世 THE FIRST (Rupan sansei : The First)
- Date de sortie : 7 octobre 2020
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Résumé : Le cultissime « gentleman cambrioleur » Lupin III revient dans une aventure effrénée, pour marquer son grand retour au pays de son illustre grand-père ! Il s’associe à la jeune Laëtitia pour faire main basse sur le journal de Bresson, un trésor que même Arsène Lupin n’a jamais réussi à dérober. Alors que Lupin III et ses compagnons se démènent pour dénouer les secrets du fameux journal, ils doivent faire face à une sombre cabale poursuivant d’horribles desseins.
Critique : Il n’est sans doute pas nécessaire de le préciser pour les cinéphiles, mais Lupin III : The First n’est pas, contrairement à ce que certains ont pu croire en découvrant les affiches du film, le dernier chapitre d’une trilogie, mais un nouvel opus des aventures du petit-fils « putatif » du gentleman cambrioleur, le troisième du nom : or, bien que le long-métrage soit le dernier en date d’une longue série, il a été sous titré The First parce qu’il constitue une première, et ce à plus d’un titre.
Il s’agit, d’abord, du premier épisode dans lequel le héros, créé en 1967 par le mangaka Monkey Punch, porte, en France, son véritable nom. Car, faute d’un accord avec les ayants droit de Maurice Leblanc dont l’œuvre originale est depuis tombée dans le domaine public, le personnage avait dû vivre ses aventures sous des noms d’emprunt : principalement celui d’Edgar de la Cambriole, mais aussi ceux de Rupan (la translitération en japonais de Lupin) ou encore de Vidocq à l’occasion de la première sortie française, en 1982, du Château de Cagliostro, réalisé par Hayao Miyazaki. Rien que très naturel, cependant, pour le descendant du roi de l’usurpation d’identité.
- © Monkey Punch / Lupin the 3rd Film Partners / Eurozoom
Il s’agit, ensuite, de la première fois qu’un film adapté de son univers a eu l’honneur d’être présenté en compétition officielle au festival d’Annecy, avant d’être distribué dans les salles françaises dans la foulée de sa sortie japonaise : car, jusqu’alors, le manga-fleuve, les séries télévisées, la trentaine de téléfilms et la dizaine de long-métrages d’animation qui le constituent n’avait bénéficié que de sorties ponctuelles, à l’occasion desquelles le matériau d’origine avait été souvent tronqué et traduit de manière approximative, quand il n’était pas censuré.
Il s’agit, enfin, du premier film de la franchise intégralement réalisé en images de synthèses, un type d’adaptation dont le réalisateur, Takashi Yamazaki, s’est fait une spécialité en revisitant les licences emblématiques du manga (Doraemon), de l’anime (Space Battleship Yamato) et du jeu vidéo (Dragon Quest) du pays de Soleil-Levant.
- © Monkey Punch / Lupin the 3rd Film Partners / Eurozoom
Mais il s’agit aussi et surtout, et c’est la véritable raison de son sous-titre, d’un épisode dans lequel Lupin III, as de la cambriole et de la cabriole, revient dans la France des sixties, afin de marcher sur les pas de son illustre ancêtre, le "premier du nom", et de percer un mystère qui avait toujours résisté à ce dernier, tout prince des cambrioleurs qu’il était, celui du journal de l’archéologue Bresson.
S’inscrivant dans la tendance actuelle, Takashi Yamazaki a conçu son film comme un savant agencement d’éléments de l’univers original, fonctionnant souvent sous forme de clins d’œil, et de motifs plus actuels. En résulte un long-métrage porté par une bande-originale jazzy qui, au risque de l’anachronisme, se nourrit des inspirations les plus hétéroclites : ainsi, la quête archéologique opposant, de Paris aux pyramides du Mexique, la bande des héros à des néo-nazis n’est pas sans rappeler la tétralogie des Indiana Jones, tandis que l’action rocambolesque, menée à un rythme trépidant, évoque la série des James Bond et que les scènes de course-poursuite motorisées, notamment à bord de l’icônique Fiat 400 jaune, font signe vers le Tintin de Steven Spielberg. Certains ont même cru déceler des références aux gadgets de la série Mission : Impossible et au Dr. Folamour de Stanley Kubrick.
- © Monkey Punch / Lupin the 3rd Film Partners / Eurozoom
Mais peu importe, puisque l’œuvre originale mélangeait déjà le film noir et le jidai geki, en associant au héros le gangster à la fine gâchette Daisuke Jigen, (c’est d’ailleurs Seijun Suzuki qui réalisa le troisième anime de la série) et le samouraï taciturne Goemon Ishikawa. En outre, comme l’indique le nom de l’archéologue, Bresson en hommage au cinéaste, Lupin III n’évolue pas dans le réel, mais bel et bien dans le monde du cinéma
On regrettera seulement qu’en essayant de satisfaire à tout prix aussi bien les fans de la série originale que les néophytes, le film néglige certains des personnages d’origine et mène son intrigue au pas de course. Mais on observera surtout qu’au-delà de l’indéfectible jovialité du personnage principal, The First marque paradoxalement la fin d’une ère : car Kazuhiko Katō, l’artiste qui se cachait sous le nom de Monkey Punch, nous a quittés en avril 2019, avant qu’il n’ait pu voir le film achevé. Et, si Lupin III poursuit ses aventures, il devra désormais les mener sans son créateur.
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