Les entretiens aVoir-aLire
Le 16 mars 2004
Rencontre avec le réalisateur de May, un premier film qui secoue.
- Réalisateur : Lucky McKee
L'a vu
Veut le voir
Avec May, Lucky Mc Kee signe un premier long métrage impressionnant qui dépeint avec une intelligence rare la descente aux enfers d’un personnage claquemuré dans ses fantasmes, ses désirs et ses traumatismes. Le genre de films qui secouent.
Comment est né May ?
J’ai fait mes études dans une fac de ciné en Californie. J’ai écrit May en moins d’un an quand j’étais adolescent, puis j’ai fait des films de zombies avec des amis que je connaissais du lycée. Quatre ans après avoir écrit le script, Marius Balchunas, un ami, me rappelle à propos de ce scénario pour me proposer d’en faire le film. Il avait suffisamment d’argent pour pouvoir le concrétiser parce qu’il venait juste de monter sa propre société de production. Ensuite, il m’a demandé si je voulais le mettre en scène. Et le plus naturellement du monde, j’ai accepté.
Comment doit-on prendre May : drame social, comédie, film d’horreur ?
C’est vrai qu’il est difficile de classer le film dans un genre précis. A vrai dire, je ne sais pas. Vous savez, j’ai été influencé par des films aussi différents que Carrie de Brian de Palma ou Taxi driver de Martin Scorsese. Disons que mon film mixe ces trois genres.
Sur le plateau de May, tous les techniciens étaient également des amis du collège. Pour vos prochains films, vous allez continuer de travailler avec cette même équipe ?
En réalité, je suis quelqu’un de très loyal et fidèle avec les gens. Tourner avec eux est une chose que j’apprécie mais malheureusement, sur mon dernier long métrage The woods, qui est un film de studio, je n’étais pas autorisé à travailler avec eux. Concrètement, il sera de plus en plus difficile de choisir avec qui je ferai mes films. D’une façon ou d’une autre, je les retrouverai certainement plus tard.
La thématique de votre film touche parce qu’elle tourne autour de la solitude. C’est très contemporain.
La solitude n’est pas un thème extrêmement moderne. Je pense qu’il remonte à la nuit des temps. Tout un chacun peut ressentir cette solitude par laquelle May passe. Quand j’ai écrit cette histoire, j’ai essentiellement évoqué la difficulté de communiquer avec les gens.
Ce qui est appréciable dans votre film, c’est que vous travaillez sur la gradation et l’effet de surprise. Ainsi, le climax final, aussi inattendu soit-il, n’a rien de gratuit. Est-ce dans cette optique que vous avez travaillé le scénario ?
En effet, tout est basé sur cette idée de progression. J’adore surprendre les gens. J’ai travaillé le scénario en me mettant dans la peau du spectateur qui irait voir le film deux fois, en parsemant des détails, des indices, qui annoncent cette folie. Dès le début, on a travaillé sur cette idée d’oppression de plus en plus forte. Cela étant, s’il y a bien cette idée de changement, je n’ai pas eu envie de faire deux films en un avec une partie soft et une autre gore. Le film est lié à un même thème : la folie. Et quand elle devient folle, May ne maîtrise plus ses actes.
Sur le thème de la folie, on pense beaucoup aux premiers Polanski dont votre film possède l’intensité.
Lorsque j’écrivais mon scénario, les premiers films de Polanski étaient l’une de mes principales influences. Le locataire et Répulsion sont des œuvres majeures et très efficaces qui m’ont vraiment impressionnées. En particulier Répulsion. Polanski retranscrit de manière dérangeante cette folie à l’écran et met en images ce qui se passe dans le cerveau de cette femme en panne.
Autrement, le film est parsemé de plages romantiques qui adoucissent le climat. Vous êtes toujours aussi fan de Truffaut ?
Oui. L’histoire d’Adèle H. est un film que j’adore. Je ne l’avais pas vu avant de faire May mais la dernière scène de ce film, ou encore celle du début dans Fahrenheit 451, provoque une émotion forte que j’aime ressentir quand je vais au cinéma. Ça touche au génie. L’histoire de cette femme qui se consume d’amour est d’une tristesse absolue. Isabelle Adjani est formidable dans ce film. Quant à Truffaut, j’adore la pureté qui émane de ses œuvres. Le livre d’entretien qu’il a fait avec Hitchcock est ma bible.
Propos recueillis à Paris le 12 février 2004
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.