Loving : après Take Shelter et Mud, Jeff Nichols de retour à Cannes

Tout juste quelques mois après la sortie de l’excellent Midnight Special, l’une des sensations de la Berlinale 2016, Jeff Nichols s’offre une nouvelle sélection cannoise avec Loving. Où l’on retrouve Joel Edgerton et Michael Shannon dans une Amérique gangrénée par la ségrégation.

L’argument : Mildred et Richard Loving s’aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu’il est blanc et qu’elle est noire dans l’Amérique ségrégationniste de 1958. L’État de Virginie où les Loving ont décidé de s’installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu’il quitte l’État. Considérant qu’il s’agit d’une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu’à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l’arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s’aimer pour tous, sans aucune distinction d’origine.

Notes : Outre son indéniable talent, Jeff Nichols doit désormais beaucoup au Festival de Cannes, qui l’auréole régulièrement de cette réputation de faiseur incontournable du cinéma. Après un Grand Prix de la semaine internationale de la critique en 2011 pour Take Shelter et une sélection en compétition officielle au Festival de Cannes 2012 pour Mud, le cinéaste fait son retour sur la Croisette en 2016 avec Loving. À noter pour l’anecdote que Midnight Special, alors pas tout à fait prêt, échappa lui aussi de peu au Festival de Cannes 2015, avant un repêchage pour la Berlinale 2016. Le scénariste et réalisateur de 37 ans voit ainsi sa renommée grandir d’année en année. Reste maintenant à savoir si cette maturité séduira le Jury des longs métrages présidé par George Miller.

Comme à son habitude, Jeff Nichols collabore à nouveau avec quelques-uns de ses acteurs fétiches. L’on retrouve ainsi fatalement Michael Shannon, mais également Joel Edgerton (aperçu dans Midnight Special), qui campe ici le rôle phare de Richard Loving. Quant à la nouvelle, Ruth Negga (Marvel : Agents of S.H.I.E.L.D.), nul doute que le cinéaste s’est tourné vers elle pour une bonne raison. Inutile de rappeler que l’auteur est aussi connu pour son savoir-faire en matière de direction d’acteurs. Autre bonne nouvelle : Adam Stone, le chef opérateur de tous les Jeff Nichols, est toujours de la partie.

L’on attend beaucoup de ce Loving, qui tout en reprenant la thématique de la famille chère à Nichols, se penche cette fois sur ses fondations et non plus sur sa construction, son parachèvement ou sa restauration. Le rendez-vous est donc donné.