Lou ! Journal infime - la critique du film

La joie demeure dans ce long-métrage mené tambour battant, où différents univers portés par des personnages attachants se conjuguent à merveille. Une belle et rafraichissante réussite !

L’argument : Lou est une jeune fille créative et rêveuse d’une douzaine d’années. Elle vit seule avec sa mère, Emma, qui a mis de côté sa vie de femme ces dernières années pour se consacrer à l’épanouissement de sa fille. Leur cocon confortable cache malgré tout quelques failles : Emma stagne et glisse doucement vers la mélancolie alors que Lou est obnubilée par Tristan son petit voisin, délaissant sa bande de copains... Leur bulle éclate alors qu’Emma entame une renaissance amoureuse et qu’un premier baiser fait rentrer Lou dans les années enivrantes de l’adolescence.

Notre avis : Véritable succès en librairie, la bande dessinée Lou a séduit petits et grands avec ses couleurs acidulées, son atmosphère légère et ses personnages attachants, entre la petite fille blonde à l’imagination débordante et sa mère célibataire bordélique mais bienveillante. Son auteur, Julien Neel, s’est donc lancé dans l’adaptation sur grand écran des aventures de son personnage fétiche, en s’attardant pour ce film sur les quatre premiers tomes. © Emmanuelle Jacobson-Roques pour Movemovie et Mother ProductionGrand bien lui en a pris, puisque Lou est un magnifique hommage aux albums, grâce notamment à une mise en scène audacieuse qui se permet toutes les fantaisies. Au cœur de décors somptueux qui font référence aux années 70 tout en jouant avec les époques, chaque situation semble tout droit sortie de l’imagination des personnages. Julien Neel ne s’est imposé aucune limite, allant jusqu’à offrir au public de courts passages en animation : ils symbolisent les pensées de la mère de famille, jouée par une épatante Ludivine Sagnier, et sont bien plus évocateurs et intéressants que le simple récit qu’elle aurait pu en faire. C’est cette audace de mise en scène et l’intelligence avec laquelle l’auteur est passé du pinceau à la caméra qui font de ce long-métrage une totale réussite. {{© Emmanuelle Jacobson-Roques pour Movemovie et Mother Production}}En reprenant les rênes de son histoire, qui lui avaient un peu échappé au moment de l’adaptation de Lou pour la petite lucarne, Julien Neel se rend bien compte de l’impact de ses personnages sur le grand public. Peut-être est-ce pour cela qu’il n’a pas voulu les abandonner à des mains étrangères… En tout cas, c’est avec tendresse qu’il plonge les personnages dans un univers rose bonbon où, malgré tout, des thèmes majeurs sont abordés avec finesse et sans détour. Les familles monoparentales, le chômage, les difficultés financières ou encore la solitude sont autant de sujets traités ici avec humour. Le film part du principe qu’il est bien possible de rire de tout, et même du pire ; alors pourquoi s’en priver ? {{© Emmanuelle Jacobson-Roques pour Movemovie et Mother Production}}La galerie de personnages, déjà très attachante, est servie par un casting quatre étoiles qui comprend Ludivine Sagnier, plus excentrique que jamais mais terriblement touchante, Nathalie Baye en grand-mère acariâtre et pince-sans-rire dont la mise en plie devrait hanter longtemps l’imaginaire d’un public conquis ou encore Kyan Khojandi, célèbre interprète de la série Bref, dont c’est ici le premier rôle dans un long-métrage. La jeune Lola Lasseron est la révélation de ce casting épatant en prêtant ses traits et sa fraîcheur à un personnage qui lui permet de montrer tout un panel d’émotions. © Emmanuelle Jacobson-Roques pour Movemovie et Mother ProductionVisant un large public en dépassant sa volonté de séduire les enfants et les préadolescents, comme c’est le cas pour la bande dessinée, Lou est un hommage à l’enfance et à ses promesses, permettant sans cesse à tous les protagonistes d’éveiller leur esprit créatif. Tous les arts sont mis à l’honneur et invitent à développer ses talents artistiques : Lou crée ses propres vêtements, sa mère écrit, son voisin compose, son amoureux secret joue de la guitare… Le film invite sans cesse à sortir de son quotidien grâce à des activités, montrant à quel point chaque personnage se nourrit d’une passion bien précise qu’il faut surtout développer. Lou montre comment, par les arts, on peut arriver à un épanouissement personnel et multiplie les scènes joyeuses et surprenantes où chacun défend son univers.
Entre animation, danse improvisée et jeux vidéo, le film fait interagir l’univers des enfants et celui des adultes, qui se complètent sans jamais se heurter. {{© StudioCanal}}Est-ce à dire qu’en cas de succès en salle, Julien Neel lancerait volontiers une franchise ? C’est tout le bien que le public peut lui souhaiter, tant ce premier essai est concluant et offre une véritable bonbonne d’air frais. Après tout, un septième tome est en préparation, ce qui laisserait à l’auteur-réalisateur toute une série des aventures de Lou à adapter. 2014 sera-t-elle l’année de cette jeune fille blonde à l’imagination débordante ? Réponse en librairie...et en salle !