Carnets du sous-sol
Le 9 novembre 2009
Coup de projecteur sur une scène underground méconnue, celle du New-York de la fin des années 1980, dans un documentaire informé et instructif, mais dans l’ensemble plutôt sage.
- Réalisateur : Angélique Bosio
- Acteurs : Richard Kern, Nick Zedd, Lydia Lunch
- Genre : Documentaire, Expérimental
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Le Chat qui fume
- Date de sortie : 29 septembre 2009
- Plus d'informations : Le site du DVD
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– Durée : 1h10mn
– Sortie DVD : le 29 septembre 2009
Coup de projecteur sur une scène underground méconnue, celle du New-York de la fin des années 1980, dans un documentaire informé et instructif, mais dans l’ensemble plutôt sage.
L’argument : Avec Llik your Idols, plongez dans la scène underground new yorkaise des années 80. Extraits chocs, entretiens exclusifs (Richard Kern, Lydia Lunch, Joe Coleman, Thurston Moore...) performance coup de poing, images inédites d’hier et d’aujourd’hui.
Notre avis : Des familles qui explosent littéralement, des forêts de seringues hypothermiques, des scènes de sexe tordues arrosées de fluides organiques en tous genres ? Bienvenue dans le pays des cauchemars de la scène underground new-yorkaise des années 1980, la tête enfoncée dans le renouveau moral de l’ère Reagan. Avec pour seules armes des caméras Super 8 ou 16mm brandies sous des lumières crues et naturelles, quelques cinéastes se lancent dans l’aventure de la « transgression », sans programme ni ligne de parti préétablis, mais conscients d’une seule chose, leur volonté de donner forme à un énorme remous émotionnel qui grouille dans leurs entrailles. Ce tourbillon, les intervenants du documentaire d’Angélique Bosio le nomment tour à tour « rage », « colère », « haine », « souffrance », « réaction contre la bêtise », comme si le fait même de respirer à pleins poumons l’air du téléachat et du télévangélisme, quand on a une vingtaine d’années, était tout bonnement invivable. Si Llik your idols fait des détours par le rock, le performance art, c’est toujours un cinéma au plus fort de sa provocation visuelle qui est considéré comme le point de cristallisation de toutes les énergies de cette avant-garde dont le paradoxe est d’avoir été moins médiatisée que ses ancêtres, tout en innervant toute une partie de l’iconographie mainstream de la décennie suivante, du « porno chic » publicitaire jusqu’à l’art vidéo contemporain.
Llik your idols permet donc une (re)découverte de ces années (extreme) sex, (extreme) drugs and (extreme) cinema à travers un montage alterné de multiples interviews d’artistes ou de spécialistes critiques, et d’extraits des films « transgressifs » en question. On peut ainsi se rendre compte, directement et plutôt crûment, de la claque que provoque toujours ce cinéma volontairement outrancier dans ses contenus, défaisant tous les codes de la « grammaire » filmique par ses cadrages inattendus et ses contrastes tranchés à la hache. Toutefois, le documentaire reste dans une démarche très linéaire, rythmée par les accents différents mis sur l’un ou l’autre des protagonistes du mouvement ; il est un peu décevant qu’un film sur un courant si contestataire dans sa forme s’apparente parfois à un simple reportage, avec le classique dispositif de l’interviewé tourné vers la caméra, et versant souvent dans le discours hagiographique en ce qui concerne les personnalités au cœur du sujet : tout le monde était formidable en ce temps-là, ce dont la postérité finira bien par se rendre compte ! D’où la gêne qui fonde l’ambiguïté subtile du film, qui s’ouvre sur une considération des nouveaux « dieux » des temps modernes : au fond, les idols dont le documentaire se préoccupe ne sont-ils pas eux non plus élevés sur un piédestal que les réalisateurs « de la transgression » prétendaient, eux, faire voler en éclats à coup de dynamite cinématographique ?
Le DVD
Une édition correcte, mais dont la qualité technique aurait pu être poussée un peu plus loin.
Les suppléments
Plus que l’interview de la réalisatrice et les bandes-annonces, on retient surtout les quatre courts-métrages dont on aperçoit pour certains les images au cours du film, et qui, bien qu’inégaux, offrent un échantillon assez représentatif du cinéma new-yorkais de la transgression ; un coup de cœur (ou un haut-le-cœur, c’est selon...) pour les deux films de Richard Kern, qui dans tous les cas ne laissent pas indifférents. Surtout, c’est l’occasion de découvrir des œuvres peu diffusées, boudées dans les rétrospectives au profit des avant-gardes des années Warhol ou des débuts du punk.
Image
Certes, on concède que pour les besoins du documentaire, il ait été besoin de ressortir des images d’archives des années 1980, dans une vidéo analogique à vous faire pleurer la rétine ; mais hélas trop souvent, la qualité visuelle du film lui-même est bâclée, notamment dans les interviews où des contrastes d’éclairement font luire les visages et où on a manifestement laissé certaines personnes interrogées choisir leur lieu de prédilection - car malheureusement certaines couleurs passent très, très mal en vidéo -...
Son
Là aussi, certaines prises de son des interviews sont mal ajustées, créant un décalage de timbre avec le reste du mixage son, dans l’ensemble correct malgré quelques passages un peu trop « hurlants ».
Galerie photos
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