Lindy Lou, jurée n°2 - la critique du film

Notre avis : Aux États-Unis, dans les affaires passibles de peine de mort, pour figurer en tant que juré au procès, il faut indiquer avant la sélection si l’on est capable d’infliger la sentence ultime.
Lindy Lou pensait être capable de le faire, face à un homme, Bobby Wilcher qui, un soir de 1982 alors qu’il avait 19 ans, a assassiné deux femmes de quarante-six coups de couteaux.
Pour chacun des meurtres il est condamné à la peine de mort, deux fois donc, mais pour cause de vice de procédure sa peine doit être réexaminée douze ans plus tard.
C’est là que Lindy Lou est désignée jurée parmi onze autres personnes. Ils doivent choisir entre une peine de prison à vie et la peine de mort. Le jury sera unanime et, à nouveau, se prononce pour la mort de Bobby Wilcher.

© 2018 JHR Films. Tous droits réservés.

Florent Vassault, le réalisateur, rencontre Lindy Lou à l’occasion de son film précédent, Honk !, même si elle n’apparaît pas dedans. C’est l’avocat de Bobby Wilcher lui-même qui les met en contact.
Au fur et à mesure un lien se crée entre eux et Lindy Lou lui fait part de son traumatisme, de cette culpabilité qui la ronge toujours d’avoir contribué à ôter la vie d’un autre être humain.
Florent Vassault lui propose alors d’aller à la rencontre des autres membres du jury, pour savoir comment eux l’ont vécu, et comment ils continuent de le vivre aujourd’hui.

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Lindy Lou, jurée n°2 se présente comme un road movie. Un documentaire qui part sur la route et traverse le Mississippi à la recherche d’un ancien jury éclaté en plusieurs endroits.
Cette forme-là favorise la parole de Lindy Lou, souvent dans sa voiture, qui commente son sentiment, revient sur ce passé qui la hante et donne son opinion sur la personne qu’elle vient de rencontrer.
À sa grande surprise, ils sont quelques-uns à penser comme elle, à regretter le geste et la manière dont ce choix impossible s’impose dans la justice américaine.
D’autres en revanche n’en sont absolument pas perturbés, comme cet homme qui a même quasiment tout oublié de ce jour là.

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Ce que le film donne à voir aussi, c’est une obsession tragique qui n’est pas vraiment comprise par la famille de Lindy Lou, en particulier son mari. Elle avoue aussi avoir perdu beaucoup d’amis, notamment durant la période où elle rendait visite à Bobby Wilcher, par nécessité de pardon.
En mettant en lumière la pensée de ces citoyens ordinaires qui ont eu à faire un choix impossible, le film montre que l’idée même de la peine de mort détruit non seulement des vies mais affecte en creux une société entière, certes peu avare en contradictions puisque bon nombre de ces citoyens sont de fervents croyants.
Mais le film montre aussi un changement progressif des mentalités, certes lent, mais bien réel. Il montre l’espoir que l’humanité est toujours possible, que le pardon existe et que la société peut l’intégrer, et changer. Et ce n’est pas la moindre de ses qualités.