Lili et le baobab

A travers le parcours d’une jeune femme, un regard juste mais un peu sage sur l’Afrique.

L’argument : Lili, 33 ans, est photographe municipale dans une petite ville portuaire de la Manche. Elle tente de prolonger comme elle peut une jeunesse qui lui échappe.
Le hasard d’une commande professionnelle l’envoie en Afrique. Elle y rencontre Aminata, une jeune femme qui se sait en danger.

Notre avis : En décrivant le parcours d’une jeune femme confrontée à l’Afrique d’aujourd’hui, Chantal Richard ne s’engage pas dans un chemin facile. En proie aux multiples difficultés que l’on connaît (ou croit connaître), l’approche se fait en terrain miné. C’est en choisissant de s’en tenir à un cadre restreint (un petit village sénégalais) et à quelques personnages assez ordinaires (une jeune photographe française, quelques habitants et des hommes immigrés originaires dudit village) que la réalisatrice propose sa vision des relations entre l’Afrique et l’Occident.
La grande qualité de cette œuvre est la volonté de rester à la hauteur des personnages. Face à une réalité complexe, qu’un film ne saurait embrasser toute entière, la réalisatrice se rattache au concret : les relations humaines. Ce qui n’empêche pas les prises de position, puisque chaque personnage revêt une charge métaphorique. Lili représente ainsi un Occident désorienté, qui peine à grandir et trouvera dans une Afrique silencieuse mais pleine de vie, active mais à développer (Aminata et son enfant) un sens à son existence. Quant aux hommes, qui détiennent le pouvoir, ils sont le lien entre les deux mondes, apportant leur travail au pays d’accueil et y puisant une certaine ouverture, en dépit du poids des traditions et de la religion.
Chantal Richard renvoie chacun à ses responsabilités, en se gardant bien d’être péremptoire et simpliste. Elle semble en effet avoir mis un point d’honneur, à travers cette histoire dont on sent qu’elle est très personnelle, à garder un regard qui soit le plus juste possible, proche du documentaire (c’est d’ailleurs sa première fiction). C’est l’une des grandes qualités du film. Mais à force de prendre son temps, d’utiliser des moyens trop signifiants, parfois à la limite du cliché (ainsi les chants qui résonnent dans la tête de l’héroïne quand elle retrouve les plages normandes, forcément grisâtres...), elle instaure une distance entre son sujet et le spectateur. Celui-ci se prend alors à rêver à des choix de mise en scène un peu moins scolaires. Il n’en perd pas pour autant son intérêt pour un film somme toute ambitieux, au propos humaniste et résolument tourné vers l’avenir.