Le 16 septembre 2021
Casey Affleck réussit un joli conte autour de la transmission et du pouvoir de la fiction, dans un film d’une grande sobriété.
- Réalisateur : Casey Affleck
- Acteurs : Casey Affleck, Elisabeth Moss, Tom Bower, Anna Pniowsky, Timothy Webber
- Genre : Drame, Science-fiction
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 23 septembre 2021 22:28
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 12 août 2020
- Festival : Festival de Berlin 2019
Résumé : Après la propagation d’un mystérieux virus, les femmes ont été décimées de la Terre. Il ne semble en rester qu’une. Rag va ainsi tenter de survivre, protégée par son père, lequel s’efforce d’offrir un quotidien tenable pour sa fille, dans un monde en ruine.
Critique : Difficile de ne pas penser à quelques références évidentes à la vision de Light of my life. Revendiquée par le réalisateur lui-même, la filiation avec Les Fils de l’homme (Alfonso Cuarón, 2006) paraît claire. Chez le réalisateur mexicain, c’était la soudaine impossibilité des femmes de tomber enceinte qui causait une situation de détresse absolue. Ici, c’est l’absence totale du sexe féminin. Pourtant, difficile d’imaginer deux mises en scènes plus éloignées ! Là où le virtuose mexicain proposait une performance technique impressionnante, pas avare en plans-séquences tonitruants, Affleck, lui, fait le choix de la sobriété.
En effet, et c’est tout le charme de sa réalisation, ce dernier propose un cadre fixe, avec une caméra qui ne bouge (quasiment) jamais. Ce sont les acteurs qui se meuvent dans le plan. Ils ne sont pas accompagnés dans leurs déplacements. De plus, ils sont souvent filmés de loin, voire de très loin, comme s’il ne fallait pas franchir la limite de leur intimité. Ce parti pris pourrait déranger, avec une certaine lenteur dans la mise en scène. Il est vrai que celle-ci prend son temps et ne brille pas par son dynamisme.
- Copyright ©2020 CONDOR
Mais pourquoi réclamerait-on du dynamisme ? Au contraire, ce tempo et cette pudeur permettent une belle immersion du spectateur dans les sentiments des personnages. En effet, quelques occasions savamment choisies par Affleck nous intègrent dans leurs confidences. On y a droit comme un enfant a droit à son histoire, avant d’aller dormir. Ce sont bien ces instants qui ouvrent d’ailleurs le long métrage et comptent plus que tout. Le reste peut être filmé de loin, l’important réside là, dans le sourire d’une enfant qui écoute les affabulations de son père.
Beau symbole ici : la fiction autorise l’évasion. D’ailleurs, les seuls produits de première nécessité que le père et sa fille se procurent sont… des livres. Light of my life est une belle déclaration d’amour à la puissance de la culture, quelles que soient les circonstances, et à celle de la fiction, donc.
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On saluera également la science de la composition des cadres de Casey Affleck. Certains plans, effectivement, marquent véritablement le spectateur. La photo de Adam Arkapaw est admirable, on ressent le plaisir qui fut le sien dans l’élaboration de certains agencements, loin d’être les plus faciles.
Finalement, Affleck se révèle aussi être un excellent directeur d’acteurs. S’il est lui-même convaincant, il fait face à une jeune Anna Pniowsky toujours juste, et ne néglige pas ses seconds et parfois très petits rôles.
Sans révolutionner le genre ni proposer un chef-d’œuvre, Affleck signe ici un film singulier qui séduira et mérite de séduire.
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ceciloule 2 août 2020
Light of my life - Casey Affleck - critique
Ces épisodes d’intimité qui nous sont offerts sont rendus encore plus spéciaux par la lumière, qui crée comme un nid au père et à la fille. Et effectivement, la photographie, le jeu des acteurs et la noirceur mélancolique du film le rendent singulier et plus que séduisant ! (j’en parle plus longuement ici : https://pamolico.wordpress.com/2020/08/02/light-of-my-life-casey-affleck/)