Lettre d’un éditeur de poésie à un poète en quête d’éditeur

Lisez d’abord, écrivez ensuite, publiez... peut-être ! Jouissif et salutaire.

Cinq cents manuscrits par an ! Et pas un, pas un seul qu’il ait demandé. Lui, c’est Louis Dubost, éditeur de poésie au Dé bleu (aujourd’hui L’idée bleue), qui un jour en eut sa claque et se fendit d’une Lettre d’un éditeur de poésie à un poète en quête d’éditeur : "Cher poète, j’ai bien reçu votre manuscrit. Je vous remercie, mais je ne sais qu’en faire. En effet, depuis vingt ans, je n’édite que les manuscrits que je sollicite moi-même, et mon programme est bouclé pour les trois années à venir. Le problème essentiel d’un éditeur de mon (petit) acabit n’est pas de trouver des auteurs, mais des... lecteurs." Et ainsi de (courte) suite, Louis Dubost argumentant sa missile missive (jointe en annexe à chacune de ses réponses) de "proposez vos poèmes aux revues", "n’envoyez pas votre manuscrit à l’aveuglette mais renseignez-vous sur le climat de l’éditeur que vous sollicitez" et autres "droit à l’erreur de l’éditeur".
Publiée initialement chez Deleatur, sa lettre alerte et piquante connaît aujourd’hui une troisième édition, complétée de réponses d’auteurs (certains fâchés, d’autres reconnaissants) et de petites notes de l’éditeur sur un métier qui carbure à la passion. Laquelle semble bien faire défaut à tous ces auteurs éconduits qui, dans leurs lettres "en retour", disent... ne pas avoir le temps de lire. "Le slogan soixante-huitard qui psalmodiait « 50 000 poètes, 500 lecteurs, 5 éditeur » est toujours d’actualité, écrit Dubost, à ceci près que le nombre des poètes a quadruplé, celui des lecteurs diminué de moitié et que les éditeurs mettent la clé sous le paillasson..."