Le 17 décembre 2021
- Scénariste : Gaby Bazin>
- Editeur : Atelier Perrousseaux
- Date de sortie : 18 octobre 2019
- Plus d'informations : Le site officiel
Un essai intéressant, très riche en iconographies.
Résumé : La lettre et l’espace textuel ne sont pas des éléments fréquemment étudiés dans les ouvrages théoriques dédiés à la bande dessinée, et nous pourrions même évoquer une forme d’impensé. Gaby Bazin s’emploie à remédier à ce manque, et pour se faire va puiser dans l’histoire de l’art de fertiles ressources pour interroger ce fameux rapport texte/image qui hante la représentation depuis tant de siècles.
Critique : L’autrice propose, avec un style d’écriture claire et fluide qui rend la lecture agréable et reconductible -il est assez rare que ce genre d’ouvrage se feuillette aussi agréablement que celui-ci- un essai original qui a le défaut de ses qualités : ce livre, tiré d’un mémoire rédigé dans le cadre d’un diplôme de fin d’études réalisées aux arts décoratifs de paris, et donc par une praticienne de la typographie, possède la fraîcheur d’un raisonnement passionné, mais les limites d’un postulat théorique, en mal de références et d’inscription dans la recherche universitaire.
Pour ce travail, l’autrice a consulté des sources passionnantes, allant même jusqu’à s’emparer d’ouvrages d’histoire de l’art pour mieux commenter les images : c’est une démarche extrêmement louable et même indispensable. Cependant, Gaby Bazin ne montre pas assez ce qui relève de ses propres réflexions et de celles qu’elle a empruntées. Loin d’accuser la rédactrice de plagiat ou de réappropriation, ce manque rend la restitution du cheminement de pensée difficile, voire impossible, et introduit une forme de gêne à la lecture pour les destinataires qui repèrent les sources empruntées.
De plus, aussi originales et cohérentes que puissent se révéler ces références, la connaissance de certains concepts fondamentaux (comme le dialogue entre le linéaire et le tabulaire proposé par Pierre Fresnault Deruelle dans les années 70, ou encore, plus récent, l’indispensable réflexion élaborée par Benoit Glaude dans La bande dialoguée), qui planent sur de longs paragraphes sans qu’ils ne surgissent véritablement, aurait accéléré et facilité certains développements.
La grande qualité de cet essai réside surtout dans le nombre d’illustrations qu’il comporte, dans la qualité des reproductions, mais aussi par leur choix tout à fait pertinent. La cohérence et l’articulation des arguments adoptés par l’autrice se retrouvent visuellement à travers la succession des images. D’une certaine manière, Bazin dédouble avec intelligence son texte d’une réflexion proprement graphique. Elle y démontre également un bel appétit et une remarquable culture dans les productions contemporaines de bande dessinée et l’on voit se côtoyer, non sans plaisir, des peintures de la Renaissance avec des planches de Dominique Goblet. Mais là aussi, nous pourrions formuler un reproche : si les ouvrages de bande dessinée cités s’inscrivent dans les œuvres les plus plastiques, qui travaillent ostensiblement la question du lettrage, le propos aurait pu étudier quelques albums plus classiques qui sont aussi traversés par ces questionnements. Toutefois, certaines micro-lectures se révèlent véritablement passionnantes, particulièrement pertinentes vis-à-vis du propos développé et, par simple gourmandise intellectuelle, on peut regretter qu’il n’y en ait pas davantage.
Finalement, force est de constater que ce que nous reprochons à ce livre est de ne pas être ce qu’il n’est pas : un travail de thèse ou du moins de théoricien confirmé. Cela ne met nullement en cause la sincérité de l’autrice, ni même le sérieux avec lequel elle a rédigé cet ouvrage, ni même les liens saisissants qu’elle opère entre certaines œuvres.
216 pages - 19,50 €
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