Les Tuche - Olivier Barroux - critique

Critique : Dans sa configuration, Les Tuche reprend la recette du greffon mal assorti à son récepteur, en imaginant un sous-avatar de la tribu Groseille, qui aurait gagné des années de salaires touchés par la famille Le Quesnoy. A partir de là, on envoie ce beau monde sur la côte monégasque, en s’imaginant que frotter le silex mal taillé au rocher poli, autrement dit les béotiens aux parangons de l’opulence sybarite, suffira à faire jaillir des étincelles de rire. Mais plutôt que de postuler sur des gags impossibles à partir de personnages aussi stéréotypés (exemplairement Jeff Tuche, forcément un imbécile radio bière foot, que surjoue Jean-Paul Rouve avec une paresse gênante), il aurait mieux valu investir la charge satirique contre la principauté de Monaco elle-même, potentiel sujet de comédie grinçante.
Ce n’est ni l’ADN d’Olivier Barroux, ni des autres comédiens qui se contentent de rester à leur place, en singeant des habitus de classe, alors qu’il n’y a finalement pas une épaisseur immense, plutôt une porosité, entre la beaufitude du morceau de la cadette Grimaldi et ceux qui l’entonnent à tue-tête. Plutôt que de jouer l’opposition stérile entre les riches au mépris affiché et les pauvres aux grandes âmes mal dégrossies, Baroux aurait pu faire bifurquer le film vers un objet à l’italienne, proche d’un Dino Risi. Mais plus malin et certainement moins talentueux, il préfère dégainer la Grosse Bertha des effets risibles, en commettant une erreur anthropologique majeure : les nantis de la haute et les ex-prolétaires partagent ici une idée commune du mauvais goût. Dès lors, à quoi sert d’attendre de longues minutes pour qu’ils se tombent dans les bras ?
Mais après tout, le triomphe commercial étant le seul juge de paix, pourquoi Baroux se serait-il emmerdé à lorgner sur une comédie à l’italienne ? Le triomphe lui ayant donné raison, le film a accouché d’une saga. Hélas.