Le 11 septembre 2015
- Scénariste : Gérard Cousseau>
- Dessinateur : Damien Cuvillier
- Genre : Drame
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er avril 2015
- Durée : 2
Le premier soulier rouge était perdu dans le tome précédent. Avec l’Albinos, second volet des Souliers Rouges, c’est le destin de ces chaussures que nous allons enfin découvrir.
Résumé :
Les Souliers Rouges, T2 nous raconte la conclusion des aventures de Jules et Georges dans ce petit village de Saint-Nicolas-du-Pélem en ce mois de juin 1944. Nous avions laissé nos héros en bien mauvaise posture, cernés par la milice, en détention d’une arme liée au meurtre d’un soldat allemand par la résistance. Comment nos héros vont-ils s’en sortir ? Vont-ils seulement s’en sortir ?
Notre avis :
La violence de la guerre rattrape durement Jules et son fichu caractère ne va pas arranger les choses. Cette histoire d’amitié écrite par Gérard Cousseau porte en elle, par son contexte, les germes du drame semé dans le premier tome. Le second opus nous plonge dans la guerre par ce qu’elle a d’horrible et d’abject. Le sang coule et, autour de Jules et Georges, le pire se mêle au magnifique. En effet, Cousseau mélange habilement les beaux gestes qui font les héros avec les lâchetés et vilenies qui font les profiteurs. Nous savions déjà dans quel camp risquait de se retrouver Jules et son nouvel ami Georges. Il ne s’agit pourtant pas là de la naissance d’un engagement contre la dictature de l’envahisseur mais de la survie de deux amis, qui vont se serrer les coudes coûte que coûte jusqu’à la dernière ligne droite.
Et cette survie n’est possible que parce qu’autour d’eux, malgré les horreurs sordides perpétrées par le milicien Daiguer, des âmes se dressent et prennent le risque mortel de cacher un homme dans un coffre, d’apporter un panier de cerises à des fugitifs.
Cousseau nous rappelle qu’à cette époque, ces petits gestes de rien que nous accomplissons si facilement aujourd’hui, pouvait vous mener au peloton d’exécution ou pire, à la salle de torture qui précède la pendaison.
La haine et la folie côtoient l’espoir et l’amour dans ce petit village coincé entre les Allemands et les collaborateurs. Cousseau continue à placer des personnages ambigus dans les deux camps. Cet officier allemand qui s’installe chez Jules, ce soldat qui lâche juste un « saleté de guerre », autant de caractères plus ou moins fugaces pour se rappeler d’un temps où le gris était de mise. Seul Daiguer porte le noir de son âme sur son visage. Peut-être qu’il était important de rappeler que le gris pouvait s’obscurcir très facilement. Dans notre précédente chronique sur le premier tome, nous avions exprimé quelques doutes à l’égard de la noirceur totale et assumée de ce personnage. Mais en lisant la suite, il ressort indirectement qu’un Daiguer n’est que l’ombre totale devant la blancheur absolue d’un Georges. Ces deux extrêmes de l’humanité se rejoignent à Saint-Nicolas-du-Pélem le temps de ce diptyque. Une rencontre qui ne réussira à personne.
Le destin des deux hommes se devine facilement à l’avance mais l’histoire repose justement non pas sur une surprise narrative, mais sur le triste constat de la dureté et l’âpreté d’une époque. On referme ce tome en aimant croire qu’à une autre époque, dans un autre lieu, nous aurions ri avec Georges des histoires du vieil Epistaphète. Mais à cette époque-ci, dans ce lieu-là, il n’est plus question de rire, juste de tenter de rester digne.
L’émotion que nous sert Cousseau est amplifié par les choix graphiques de Cuvillier.
Chaque case est une petite peinture qu’on prendrait plaisir à redécouvrir si leur contenu n’était pas si dur. Cuvillier rappelle que derrière la beauté des choses, peut se cacher la pire des horreurs.
Le choix de ce trait réaliste, de ces couleurs peintes, de ces teintes douces – même le rouge sombre garde une certaine beauté esthétique – va dans le sens du contraste violent de cette histoire.
La couverture est un exemple frappant des compositions de Cuvillier.
La lumière d’outre-tombe éclaire par en-dessous ce soldat allemand qui soulève une trappe l’amenant à un noir grenier. On ne voit que lui, son regard inquisiteur est fort. Et, en prenant du recul, on découvre au fond du cadre deux visages dans l’obscurité, ceux des héros de l’histoire, Jules et Georges, caché dans le noir. Une image qui reflète toute la tension de ce second tome.
Le cadrage et le découpage, dans la continuité du premier tome, font ressortir l’horreur des situations traversées par les différents intervenants de cette histoire.
Les couleurs suivent parfois les émotions, se coupant du réalisme pour basculer dans le suggestif, nous faisant deviner l’indescriptible.
De cette histoire, il restera toujours une tristesse que la fin ne saurait effacer et que, d’ailleurs, elle ne cherche pas à effacer.
Les Souliers Rouges, T2 est une histoire simple, courte mais riche en émotions. C’est la gorge serrée qu’on la finit. Avec l’espoir, l’espoir d’un monde meilleur où de telles scènes ne se reproduiraient plus, où l’homme se souviendrait de ses années sombres et déciderait de changer...
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Zéda croise Jules pour un petit hommage à Georges.
48 pages - 13,90 €
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Galerie Photos
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