Les Seignors . T1 . Vers l’infini et l’au-delà – La chronique BD

Une BD d’humour qui met en scène les seniors et la retraite. Après Papy boomer, c’est la deuxième série que Bamboo lance sur ce thème. Cette fois-ci, c’est un groupe que nous suivons. L’histoire se découpe, à part au début et en fin de tome, en gag d’une page.
Les trois premières planches raconte l’initiative de Sana, le leader qui monte le projet, de ses amis qui le suivent et de leurs premiers déboires.
Les deux dernières planches forment un gag en deux pages nous montrant la maison de retraite participative bien peuplée et où les activités commencent à fleurir.

Malheureusement, selon nous, on enchaîne entre ouverture et fermeture de récit, des gags perdant la chronologie des faits, ce qui est regrettable car en plus de l’humour à la page, on aurait pu suivre une histoire, un arc narratif s’étalant sur ce premier tome montrant les premiers échecs humoristiques de cette folle équipe et des différents retraités qui viennent les rejoindre. Un arc qui aurait une touche supplémentaire de plaisir à la lecture.
Il reste alors uniquement - et c’est déjà bien - une pléthore de gags et de situations où l’humour côtoie parfois la mélancolie, voire la tristesse. Et voilà l’autre point fort de cette histoire, qui mérite, à nos yeux, d’être développé dans les prochains tomes, c’est le passage soudain de l’humour à la mélancolie. Le gag de la page 33 ressort vraiment et tranche avec le reste du livre. Il apporte une touche d’émotion très forte. Mais il est unique sur l’album.
Cela renforce du coup l’impression de manque, et l’on sent que mélanger des saynètes purement comiques avec de temps en temps, de manières éparses, quelques planches plus douces, plus évasives apporterait un indéniable souffle d’originalité à cette nouvelle série.

Les histoires d’Hervé Richez et de Sti sont mises en images par Juan. Il sait adorablement donner vie à ces petits vieux. Le défilé de visages ridés, abimés par la vie que nous offre le dessinateur tout en les rendant attachant est un challenge accompli haut la main.
Les couleurs de Amouriq et Mirabelle restent dans des teintes claires, douces, contrastant d’autant plus avec la force et l’énergie des propos et des situations.
La composition se déroule sur des pages comportant quatre bandes de une à trois cases, et parfois (rarement) un dessin pleine page. Structure récurrente de ce type de récit d’humour.

Les Seignors est un premier tome qui promet beaucoup. On a hâte de voir si le développement et la direction donnés à cette série pourront lui apporter un vrai souffle d’originalité lui donnant une place particulière parmi les autres collections d’humour de la maison Bamboo.