Le 7 juillet 2020
Premier segment d’un documentaire en quatre parties, "Au-delà du désert" permet de comprendre comment, au fil des siècles, le continent africain est devenu un immense territoire réduit en esclavage.
- Réalisateurs : Juan Gelas - Fanny Glissant - Daniel Cattier
- Genre : Documentaire
- : Arte
- Durée : 4 épisodes de 52 minutes
- Date télé : 7 juillet 2020 20:50
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 1er mai 2018
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Résumé : A partir du VIIe siècle et pendant plus de 1000 ans, l’Afrique fut l’épicentre d’un trafic global. Plus de 20 millions d’Africains ont été déportés, vendus et réduits en esclavage. Pour la première fois, la série documentaire retrace l’histoire des traites négrières.
Critique : A partir du septième siècle et pendant plus de mille ans, l’Afrique fut le lieu d’un trafic global : vingt millions d’habitants de ce continent ont été vendus, réduits en esclavage. Ce documentaire en quatre parties revient sur les mécanismes de ce système criminel, d’une manière précise, implacable. La question essentielle à laquelle répond ce premier segment est la suivante : comment est-on passé d’une pratique généralisée dans toute l’Europe à une traite qui n’a concerné que le continent africain ? De l’effondrement de l’Empire romain aux conquêtes de l’Empire arabo-musulman à partir du septième siècle, les considérations économiques et politiques liées à des demandes de main-d’œuvre, à des guerres multiples qui considéraient l’esclavage comme un prolongement logique (les hommes étaient des butins), sont abordées de manière tout à fait éclairante, jusqu’aux émeutes liées aux conditions intolérables imposées à des populations asservies (tout le passage sur la révolte des Zendj est très intéressant), qui vont aussi de pair avec l’afflux massif de ces milliers d’hommes et de femmes, venus de régions différentes, de l’Érythrée au Caucase. Les premières déportations entre l’Afrique et le Moyen-Orient font de Bagdad une place centrale, point de convergence d’esclaves païens, qui seront bientôt des milliers à être utilisés pour cultiver les terres d’Irak, à partir du neuvième siècle, avant que Le Caire ne supplante la capitale de l’Empire Abbasside, redéployant les routes de l’esclavage vers l’Afrique, qui transite notamment par Tombouctou. Le piège se referme sur le continent. Et pour longtemps. L’esclavage engendrera le racisme. L’Europe y participera activement à partir du quatorzième siècle.
Les reconstitutions sous forme de séquences animées sont particulièrement réussies, les commentaires permettent de saisir, d’une manière aisée, l’origine d’un épouvantable crime contre l’humanité. Comme le dit l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, "on ne peut pas comprendre l’esclavage si on ne le lie pas intrinsèquement à la violence, l’esclavage, c’est la négation de l’être". Diffusé pour la première fois sur Arte le 1er mai 2018, ce film collectif est aussi relié à notre monde présent. La coréalisatrice Fanny Glissant le constate : "l’esclavage, c’est le socle de la mise en place du capitalisme. C’est tout, c’est comme ça. Le capitalisme, de façon mécanique, à partir du moment où il cherche à fabriquer des produits manufacturés à bas coût pour faire un maximum de profits, génère forcément un système qui amène à ce que la main-d’œuvre soit la moins payée possible. La fin de cette idée, c’est forcément l’esclavage, soit la négation totale de la rétribution."
A méditer en ces temps difficiles, où la vie d’un certain nombre d’êtres humains compte moins que quelques profits engendrés...
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