Les rescapés d’Éden . T.1 . Au commencement - La chronique BD

Le nom ne laissait que peu place au mystère : cette BD s’attaque bien évidemment au mythe du jardin d’Éden, en proposant une relecture moderne et pleine d’aventure de la fin du paradis sur Terre. Les deux héros, sortes d’Ève et d’Adam en forme d’ados, intrépide pour la première, gaffeur pour la second (et donc plutôt à l’opposé de la vision biblique...), vont effectivement vivre des aventures assez diverses, allant des émois en classe à la chasse d’une faune inconnue. En fond, une critique des sceptiques de la science, leaders politiques notamment qui ne veulent pas accepter des vérités scientifiques d’un solitaire éclairé (ce qui est moindre que lorsqu’il s’agit de toute une communauté...). Le rythme est ainsi rapide, avec des enchaînements prévus, des rebondissements imprévus, une trame organisée et qui va dans le bon sens, même si le second tome n’aura visiblement pas les mêmes apprêts, notamment dans la gestion de la vie d’un adolescent en milieu feutré et normal. Il faut souligner que l’humour est très présent, et parvient à ne jamais être considéré comme lourd, même s’il est souvent déjà-vu.

Hugo Poupelin, Bernard Swysen, Siteb / Soleil

Le dessin, qui mêle un thème antique et une ambiance moderne, n’échappe pas à cette opposition. Il y a une espèce de nostalgie à parcourir les pages de Siteb parce qu’elles semblent rappeler des couleurs urbaines et de forêts, des formes de visages et de mains, tous droits issus des bandes dessinées de Franquin, Peyo ou Walthéry. Illusion quelque peu trompeuse, parce que il y a bien eu évolution, ne serait-ce que dans les mimiques des deux personnages principaux, mais tout de même l’impression d’une certaine naïveté demeure, et donne un charme presque désuet à l’ensemble, pour le lecteur un peu plus âgé seulement ! Les plus jeunes devraient apprécier le contraste nature/technologie évidemment mis à l’honneur par le dessin.

Hugo Poupelin, Bernard Swysen, Siteb / Soleil

Entrée en matière convaincante, cette parabole d’un genre nouveau n’a pour l’instant pas usurpé la dimension utopique du plus célèbre jardin, mais devra batailler pour aller chercher la dimension humaine et cathartique inhérente à la réécriture du mythe.